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Agrégation Interne de Mathématiques
Deuxième Épreuve 2020
7047Différentiabilité de la distance à une partie
Notations
- On rappelle que l’on note N l’ensemble des entiers positifs ou nul, Z l’anneau des entiers relatifs, Q le corps des nombres rationnels, R le corps des nombres réels et C le corps des nombres complexes.
- On se place dans un espace euclidien
E,⟨⋅,⋅⟩) de dimension n
N*. On note ∥.∥ la norme euclidienne associée.
- Pour tout vecteur x de E et tout réel positif r, on note B(x,r) (resp. B(x,r), resp.
S(x, r)) la boule ouverte (resp. la boule fermée, resp. la sphère) de centre x et de
rayon r :
- Pour toute partie A de E, on note
l’intérieur de A, c’est-à-dire le plus grand ouvert (au sens de l’inclusion) inclus dans A, A l’adhérence de A, c’est-à-dire le plus petit fermé contenant A et FrA la frontière de A :
- Si a est un élément de E, on note
(a) l’ensemble des voisinages de a.
- Pour toute partie fermée et non vide F de E et tout x
E, on admet que l’ensemble
∥x - f∥ et on pose
- On pose alors Γ(x) = {f
F ; ∥x - f∥ = d(x,F)}. C’est donc l’ensemble (éventuellement vide) des points de F pour lesquels la borne inférieure est atteinte.
- Lorsque Γ(x) est un singleton, on note π(x) son unique élément.
- Si u et v sont deux vecteurs de E, on appelle segment [u,v] l’ensemble défini par :
- Soient A une partie de E et u : A → R. On suppose que 0
A. On dit que u(h) = h→0 o(∥h∥) lorsqu’il existe une fonction δ définie sur un voisinage V de 0 telle que
- Soient Ω un ouvert de E et f : Ω → R. On rappelle que l’on dit que f est différentiable
en un élément a de Ω lorsqu’il existe une forme linéaire l : E → R vérifiant :
Lorsqu’elle existe, l est unique et est notée df(a) et l’image l(h) du vecteur h de E par l est notée df(a) ⋅ h. Le gradient de f en a est alors l’unique vecteur v de E vérifiant :
- Pour tout réel x, on note ⌊x⌋ sa partie entière.
Le problème a pour objectif d’étudier la différentiabilité de la fonction dF : xd(x,F) en
fonction de la partie F .
On fixe donc une partie F de E non vide et fermée.
- 1.
- Montrer que, pour tout vecteur x de E, dF(x) = 0 si et seulement si x
F .
- 2.
-
- (a)
- Montrer que, pour tout (x,y)
E2 et tout f
F , on a :
- (b)
- En déduire que dF est 1-lipschitzienne.
- 3.
- Soient x un vecteur de E et x0 un vecteur de F . On pose r := ∥x-x0∥ et K := B(x,r) ∩F .
- (a)
- Montrer que K est une partie compacte et non vide de E.
- (b)
- Montrer que Γ(x) est non vide.
- 4.
- On suppose, dans cette question seulement, que F est de plus une partie convexe de
E.
- (a)
- Montrer que, quels que soient les vecteurs u et v de E, on a
- (b)
- Soit x un vecteur de E et soient f et fʹ deux éléments de Γ(x). On suppose que
f≠ fʹ. Montrer que : ∥
(f + fʹ) - x∥2 < d(x,F)2.
En déduire que, pour tout vecteur x de E, Γ(x) est un singleton. Ainsi, avec les notations de l’introduction, Γ(x) = {π(x)}.
- (c)
- On souhaite montrer que
- i.
- Montrer que φ est une fonction polynomiale de degré inférieur ou égal à 2.
- ii.
- Justifier que φ admet un minimum en 0. Conclure.
- (d)
- On fixe un vecteur x de E. Soit z un vecteur de F . On suppose que :
On suppose, dans toute cette partie, que E = R, et que R est muni de sa structure euclidienne canonique.
- 1.
- Expliciter d{0}, puis déterminer l’ensemble des points où d{0} est dérivable et déterminer sa dérivée.
Dans les questions à , on suppose que F = Z et on étudie donc la fonction dZ.
- 1.
- Montrer que Z est fermé dans R.
- 2.
- Justifier que dZ est 1-périodique. Étudier la parité.
- 3.
- Pour tout x élément de [0,1[, expliciter, en justifiant, dZ(x) en fonction de x. Tracer le graphe de dZ.
- 4.
- Étudier la dérivabilité de dZ en tout point de [0,1[.
- 5.
- Développement en série de Fourier de dZ.
- (a)
- Calculer les coefficients de Fourier de dZ.
- (b)
- La série de Fourier de dZ converge-t-elle simplement/uniformément/normalement vers dZ ?
- (c)
- En déduire la valeur de
puis de
, de
et de
.
On commencera par justifier la convergence des séries.
Pour toute la suite de la partie, on fixe une partie fermée F de R. On note Ω le complémentaire de F. C’est donc une partie ouverte de R.
- 1.
- On définit, sur Ω, une relation binaire ~ de la manière suivante : étant donnés deux
éléments x et y de Ω, on dit que x est en relation avec y lorsqu’il existe un intervalle
ouvert
inclus dans Ω et contenant les éléments x et y :
- (a)
- Montrer que ~ est une relation d’équivalence.
- (b)
- Montrer que les classes d’équivalences sont des intervalles ouverts deux à deux disjoints.
- (c)
- En déduire qu’il existe une famille (
)i
I d’intervalles ouverts deux à deux disjoints, indexée par un ensemble I fini ou dénombrable, telle que
- 2.
- Soit x un élément de Ω. Il existe donc un unique i0 élément de I tel que x
.
- (a)
- Exprimer dF(x) à l’aide de x, de ai0 et bi0.
- (b)
- Étudier la dérivabilité de dF en x.
- 3.
- On suppose dans cette question que
≠∅. Soit x un élément de
. Étudier la dérivabilité de dF en x.
- 4.
- Étude à la frontière.
- (a)
- On suppose, dans cette question, que F = [0,1]. Expliciter FrF . La fonction dF est-elle dérivable en un point de FrF ?
- (b)
- Dans cette question, on pose : F = R\Ω où Ω = ⋃
n≥2
-
,
, la réunion étant prise sur l’ensemble des entiers naturels n tels que n ≥ 2.
- i.
- Justifier rapidement que Ω ⊂
, que F est un fermé de R et que 0
FrF .
- ii.
- Soit x
Ω. Montrer qu’il existe un unique entier naturel n tel que n ≥ 2 et x
. Montrer que n =
.
- iii.
- En déduire qu’il existe un réel C strictement positif tel que
- iv.
- Montrer que dF est dérivable à droite en 0 et calculer (dF)ʹd(0).
- v.
- La fonction dF est-elle dérivable en 0 ?
- 1.
- On fixe un vecteur x0
E et on suppose, dans cette seule question, que F = {x0}.
- (a)
- Expliciter dF. Soit x un élément de E. Expliciter Γ(x).
- (b)
- Montrer que la fonction g:
est différentiable sur E et calculer son gradient.
- (c)
- En déduire que dF est différentiable sur E\{x0} et montrer que :
- (d)
- Étude de la différentiabilité de dF en x0. Supposons que dF est différentiable
en x0 .
- i.
- Montrer que, pour tout vecteur h de E, on a :
- ii.
- Conclure.
- 2.
- On suppose, dans cette question seulement, que F est un sous-espace vectoriel de E, distinct
de E.
- (a)
- Montrer que pour tout vecteur x de E, Γ(x) est un singleton, et que π (défini dans le préambule du sujet) est le projecteur orthogonal sur F .
- (b)
- Montrer que, pour tout élément a de E, d
est différentiable en a et calculer son gradient.
- (c)
- En déduire que, pour tout élément a de E\F , dF est différentiable en a et calculer son gradient.
- (d)
- On fixe un vecteur a de F . L’objet de cette question est l’étude de la différentiabilité de
dF en a.
- i.
- On suppose que dF est différentiable en a et on pose : u = ∇(dF)(a).
Soit h
F⊥. Montrer que : ⟨u,h⟩ = ∥h∥.
Indication : on pourra procéder de manière analogue à la question . - ii.
- Conclure.
- 3.
- Dans cette question, on suppose E = R2 (ses éléments sont notés en colonne) muni de sa
structure euclidienne canonique et F =
R2 ; y ≤ 0 ou y ≥ x2
. L’objet de cette question est d’étudier la différentiabilité de dF en 0R2.
- (a)
- Dessiner l’allure de F .
- (b)
- Montrer que F est un fermé de R2.
- (c)
- Montrer que 0R2
FrF .
- (d)
- Montrer que, pour tout vecteur u de R2, dF(u) ≤∥u∥2.
Indication : on pourra séparer les cas où u
F et où u
R2\F .
- (e)
- En déduire que dF est différentiable en 0R2 et donner son gradient en 0R2.
On suppose, dans cette partie seulement, que : F = {x E;∥x∥ = 1}. C’est donc la sphère de
centre 0E et de rayon 1.
- 1.
- Soit a un élément de E\{0E}. On pose u =
a et on fixe un vecteur y de F.
- (a)
- Montrer qu’il existe un plan vectoriel
contenant a, u et y.
- (b)
- Montrer que S = F ∩
est le cercle unité de
, pour la structure euclidienne sur
induite par celle de E.
- (c)
- Montrer que Γ(a) = {u}.
- 2.
- Montrer que, pour tout vecteur a de E : dF(a) =
∥a∥- 1
.
- 3.
- Montrer que, pour tout vecteur a de E tel que a≠0E et a
F , dF est différentiable en a et calculer son gradient.
- 4.
- Expliciter Γ(0E).
- 5.
- Soit a un vecteur de F . Montrer que dF n’est pas différentiable en a.
Indication : On pourra calculer dF(a + ta), pour tout t élément de
.
- 6.
- On fixe un vecteur unitaire v.
- (a)
- Étudier la dérivabilité en 0 de φ:
.
- (b)
- Conclure quant à la différentiabilité de dF en 0.
Dans cette partie, on fixe un vecteur a de E\F et on suppose dF est différentiable en a.
On souhaite montrer qu’alors :

On pose u = ∇dF(a).
- 1.
-
- (a)
- Montrer que, pour tout t > 0, dF(a + tu) - dF(a) ≤ t∥u∥.
- (b)
- En déduire que ∥u∥≤ 1.
Dans la suite de cette partie, on se donne un élément y de Γ(a).
- 1.
-
- (a)
- Montrer que pour tout x
[a,y],
- (b)
- En déduire que pour tout x
[a,y],
- 2.
- On fixe t
]0,dF(a)] et on pose v =
(a - y).
- (a)
- Montrer que dF(a - tv) = dF(a) - t.
- (b)
- Montrer que ⟨u,v⟩ = 1 = ∥u∥∥v∥.
- (c)
- En déduire que u = v et conclure.
Dans cette partie, on fixe a E\F et on suppose que Γ(a) est un singleton. Ainsi, avec les
notations du préambule,


- 1.
- Dans cette question, on se propose de montrer que :
On va l’établir à l’aide d’un raisonnement par l’absurde. On suppose donc qu’il existe un voisinage ouvert V de π(a) tel que :
On dispose ainsi d’une suite (xp)p
N convergeant vers a et d’une suite (yp)p
N telles que :
∥xp - a∥.
- (a)
- Justifier succinctement que M est bien défini, puis montrer que (yp)p
N est bornée.
On note l une valeur d’adhérence de (yp)p
N.
- (a)
- Justifier succinctement l’existence de l.
- (b)
- Montrer que l
F ∩ (E\V ).
- (c)
- Montrer que l
Γ(a), puis conclure.
- 2.
- On pose : R = ∥a - π(a)∥.
- (a)
- Justifier que R > 0 et expliciter B(a,R) ∩ F .
- (b)
- Soit x un élément de B(a,R). On fixe un élément y de Γ(x).
On considère la fonction φ:
.
- i.
- Montrer que ϕ est un trinôme du second degré. Que dire du signe des racines de ce trinôme ?
- ii.
- Montrer que [x,y] ∩ S(a,R) est un singleton. On note p(x,y) le point
d’intersection.
Il existe donc un unique tx,y
[0,1] vérifiant : p(x,y) = (1-tx,y)x+tx,yy.
- iii.
- Que vaut φ(tx,y) ? En déduire une expression de tx,y.
- (c)
- Montrer que :
- (d)
- En déduire que :
- 3.
- Soit x élément de B(a,R) ; on note yx un élément de Γ(x). Montrer que, pour tout
x
B(a, R),
- (a)
- ∥x - p(x,yx)∥2 -∥a - p(x,yx)∥2 = 2⟨x - a,a - p(x,yx)⟩ + ∥x - a∥2 ;
- (b)
- ∥x - p(x,yx)∥2 -∥a - p(x,yx)∥2 =x→a2⟨x - a,a - π(a)⟩ + o(∥x - a∥).
- 4.
- Montrer que : d
(x)=x→ad
(a) + ⟨x - a,2(a - π(a))⟩ + o(∥x - a∥).
- 5.
- En déduire que dF est différentiable en a et calculer son gradient.
- 6.
- Soit Ω un ouvert inclus dans E\F . On suppose que, pour tout x
Ω, Γ(x) est un singleton. Montrer que dF est de classe
1 sur Ω.
Dans cette partie, on fixe un élément a de F et on suppose que dF est différentiable en a. On souhaite montrer que : ∇(dF)(a) = 0. On pose encore : u = ∇(dF)(a).
- 1.
- Montrer le résultat dans le cas où a
.
- 2.
- On se place dans le cas où a
FrF .
- (a)
- Montrer que : dF(a - tu)=t→0 - t∥u∥2 + o(t).
- (b)
- Conclure.
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