320. Pour x ∈ ]- 1,1[ et n ∈ N*, on note Pn(x) =  n
∏
k=1-1--
1-xk

a) Montrer que, si x ∈]- 1,1[, (Pn(x))n1 converge. On note P(x) sa limite.

b) Montrer que, pour x ∈]- 1,1[, P(x) = 1 + +∞
∑
n=1pnxn où, pour n ∈ N*, pn est le nombre de façons d’écrire n comme somme d’éléments de N* sans tenir compte de l’ordre.

c) Montrer que, lorsque x 1-, P(x) = exp( -π2--        )
  6(1-x)(1 + o(1)).

d) Montrer que, lorsque n +, pn exp(  • 2n-       )
  π  3 (1+ o(1)).

a) Soit x ∈ ]-1,1[. Comme xk < 1 pour tout k ∈ N*, on a

                  [ n             ]
      *            ∑  (         k )
∀n ∈ N ,Pn(x) = exp    - ln(1- x )  .
                   k=1
Or - ln (1 - xn ) ~ xn car (xn)n converge vers 0. Comme ∑xn converge absolument, on en déduit que ∑(-ln(1 - xn)) converge. On conclut que (Pn(x))n converge vers un élément de R*
+. En vue de la suite, on notera que
         +∞
lnP (x ) = ∑ (- ln(1- xn)).
         n=1
(1)

b) Précisons la notation pn. Fixons n ∈ N (éventuellement nul). On dit qu’une suite (ak)k1 d’éléments de N est une partition de n lorsque n = +∞
∑
k=1kak. Notons qu’une telle suite a doit vérifier ak = 0 pour tout k n + 1, et ak n pour tout k ∈ [ [1,n]]. L’ensemble Pn des partitions de n est donc fini ; on note pn son cardinal. Plus particulièrement, notons Pn,N, pour N ∈ N*, l’ensemble des partitions a de n telles que ak = 0 pour tout k > N ; posons pn,N := |Pn,N|. On observe que pn,N = pn pour tout N n, que pn,1 = 1, et que la suite (pn,N)N0 est croissante.

Fixons x ∈ ]-1,1[. Par récurrence sur N ∈ N*, on montre la propriété

HN  : +∞
∑
n=0pn,Nxn = PN(x) avec convergence absolue .

L’assertion H0 est triviale, tandis que H1 découle du développement P1(x) = +∑∞

n=0xn. Soit N 2 tel que HN-1 soit vraie. Alors,

                     (+∑ ∞        ) (+∑∞     )
PN (x) =   PN--1(xN)-=     pn,N-1xn      xnN
            1- x      n=0           n=0
           (+∑∞         ) (+∑∞          )
       =       pn,N-1xn      1N N(n)xn .
            n=0           n=0
Les deux séries finalement obtenues sont absolument convergentes. Par produit de Cauchy, on en déduit l’égalité PN(x) = +∞
∑
n=0dnxn avec convergence absolue, où, pour tout n ∈ N,
     n                  ⌊n⁄N⌋
d = ∑   1  (k)p       =  ∑   p        .
 n  k=0  NN    n-k,N -1   d=0  n-dN,N-1

Soit n ∈ N . Pour tout d ∈ [ [0,n⁄N]], on met en bijection l’ensemble des éléments de Pn,N dont le N-ième terme est d avec Pn-Nd,N-1 en associant à a la suite (a1,,aN-1,0,0,). En partitionnant Pn,N selon le N-ième terme, il vient dn = pn,N. La propriété HN est donc établie.

Convenons que P-1(x) = 0 et pn,-1 = 0 pour tout n ∈ N. Nous avons donc

   ∑+∞                    +∑∞ +∑∞               n
P(x)=     (PN (x)- PN- 1(x)) =       (pn,N - pn,N-1)x .
   N=0                   N=0 n=0
Or la famille u := ((pn,N - pn,N-1)xn)(n,N)∈N2 est sommable puisque le raisonnement précédent, appliqué à |x| au lieu de x, donne
       +∑ ∞ +∑∞                    +∑∞ +∑∞
P(|x|) =       (pn,N - pn,N-1)|x |n =      |un,N |.
       N=0 n=0                   N=0n=0
Le théorème de Fubini assure donc que
      +∑ ∞ +∑∞                   +∑∞
P(x) =       (pn,N - pn,N- 1)xn =    pnxn.
      n=0 N=0                  n=0

c) Fixons x ∈ ]0,1[. Pour tout n ∈ N*, on a |xn| < 1, donc, par développement en série entière du logarithme, l’égalité () donne

        +∞ +∞   n k  + ∞ +∞  nk   +∞     k
lnP(x) = ∑  ∑  (x-)-= ∑  ∑   x-- = ∑  ---x----,
        n=1 k=1  k    k=1n=1  k    k=1 k(1- xk)
l’interversion étant justifiée par la positivité du terme général. Il vient alors
               +∑∞ xk 1- x
(1 - x)ln P(x) =    k-1---xk⋅
               k=1 ◟--◝◜--◞
                    fk(x)
Soit k ∈ N * . Alors,
                       k
0≤kfk(x ) = xk-1--x-=-------x--------=  ------1-------≤ 1-
       1- xk   1 + x+ ⋅⋅⋅+ xk-1   x-k + ⋅⋅⋅+ x-1  k
(2)

car x-i 1 pour tout i ∈ N. L’égalité dans () montre que fk tend vers 1k2 en 1-. En outre,

      *                  -1
∀k ∈ N ,∀x ∈ ]0,1[,|fk(x)| ≤ k2 ⋅
Cela montre la convergence normale de ∑

 kfk sur ]0,1[, donc
                 +∑∞  1
(1- x) ln P(x) -→    k2  quandx → 1- .
                 k=1
Enfin, on a classiquement ∑+∞

k=1k12 =  2
π6 (ce résultat ne figure pas au programme et il est douteux que l’examinateur en attendît une démonstration). Ainsi, quand x tend vers 1-, on trouve (1 - x) ln P(x) = 2
π6- + o(1) puis
         ( --π2---        )            -
P(x) = exp 6(1 - x)(1 + o(1))   quand x → 1 .

d) Posons λ := π2
6Nous remarquons que l’inégalité () donne directement la majoration :

∀x ∈ ]0,1[,P(x) ≤ exp(λ(1- x)-1).
Fixons x ∈ ]0,1[ quelconque. Comme (pk)k est à terme général positif, le résultat de b) donne en particulier pn xn P(x), d’où
pn ≤ exp(λ(1- x)-1 - nln x).
(3)

Une étude des variations de u↦→λu-1 -nln(1 -u) sur ]0,1[ montre que, lorsque n est grand, son minimum est atteint en un point proche de √ -----
  λn-1. Cela invite à prendre x := 1 -√ -----
  λn-1 dans (), à condition que n > λ (condition que nous supposerons désormais remplie). Il vient

        (          (     ----))
pn ≤ exp √ λn- n ln  1- √ λn-1   .
Or -
√λn - nln(1 -√-----
 λn -1) = 2  ---
√ λn + o(√n-) quand n +. Il vient donc
          •---
       (    2n(       ))
pn ≤ exp π  3  1 +o(1)  .


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