315. a) Soient (a,b) ∈ R2 tel que a < b, et g une fonction continue par morceaux de [a,b] dans C . Montrer que ∫ b

 ag(t)sin(λt)dt 0 quand λ +.

b) Soit f : R C une fonction 2π-périodique de classe C1 par morceaux. Pour k ∈ Z, on pose ck = 1
2π∫π

-πf(t)e-iktdt.

Montrer que pour tout réel t, ∑n

k=-nckeikt tend vers 12(f(t+)+ f(t- )) quand n tend vers + .

Solution d’après Moubinool Omarjee

a) Notons E l’espace vectoriel des fonctions continues par morceaux de [a,b] dans C. Pour g ∈ E et λ ∈ R , posons Iλ(g) := ∫ b

 ag(t)sin(λt)dt. Soit g : [a,b] C en escalier, et (a0,,an) une subdivision de [a,b] adaptée à g. En notant yi := g(ai+ai2+1) pour tout i ∈{0,,n - 1}, on a donc : pour tout λ ∈ R*,

  n∑-1           ∫ ai+1
Iλ(g)=    (ai+1 - ai)yi    sin(λt)dt
  i=0            ai
  1 n∑-1
= --   (ai+1 - ai)yi[- cos(λai+1) + cos(λai)] = O λ→+∞ (λ-1),
  λ i=0
ce qui assure que Iλ(g) tend vers 0 quand λ tend vers + .

Soit g ∈ E. Il existe une suite (gp)p∈N de fonctions en escalier sur [a,b] convergeant uniformément vers g. Pour tout p ∈ N et tout λ ∈ R, on voit que

            ||∫ b                   ||
|Iλ(gp)-Iλ(g)| =   ||  (gp(t)- g(t))sin(λt)dt||
            ∫ a
             b
        ≤    a |gp(t)- g(t)||sin(λt)|dt ≤ (b- a)∥gp - g∥∞,
ce qui montre la convergence uniforme sur R de (λ↦→Iλ(gp))p∈N vers λ↦→Iλ(g). Or, pour tout p ∈ N , on a vu que Iλ(gp) tend vers 0 quand λ tend vers + . Par interversion des limites, on en déduit que Iλ (g) tend vers 0 quand λ tend vers + .

b) Précisons la signification des hypothèses : une fonction g : R C est dite de classe C1 par morceaux lorsqu’il existe, pour tout segment (non trivial) [a,b] de R, une subdivision (a0,,an) de [a, b] telle que, pour tout i ∈ [ [0,n- 1]], la restriction de g à ]ai,ai+1[ possède un prolongement de classe C1 à [ai , ai+1]. On démontre aisément que pour une telle fonction f et n’importe quel réel τ, la fonction gτ : t↦→g(t + τ) est encore de classe C1 par morceaux. Par ailleurs, une telle fonction g est évidemment continue par morceaux. On aura enfin besoin du principe suivant, dont la démonstration figure en annexe : étant donné une fonction 2π-périodique et continue par morceaux g : R C, l’intégrale ∫ π

 -πgτ ne dépend pas du choix du réel τ.

Traitons d’abord le cas t = 0. Fixons n ∈ N et posons Dn : θ↦→∑n

k=-neikθ, fonction évidemment paire. Par définition des ck et linéarité de l’intégrale, on trouve

n∑∫ π                  ∫ π                ∫ 0
ck=1   f(θ)Dn(- θ)dθ = -1-   f(θ)Dn(θ)dθ+ -1-   f(θ)Dn(θ)dθ.
k=-n2π -π               2π  0              2π  -π
(1)

Notons que

∫ π  -ikθ         -1  -ikθ π
    e   dθ = (- ik) [e   ]-π = 0
 -π
pour tout k ∈ Z * , tandis que ∫ π

 -πe-i0θdθ = 2π. On en déduit ∫ π

 -πDn = 2π, puis, par parité de Dn, ∫
π
0Dn = ∫
0
-πDn. Par suite,
f(0+)+-f(0--)  -1-∫ π   +           1-∫ 0    -
 2      = 2π  0 f(0 )Dn (θ)dθ + 2π - πf(0 )Dn(θ)dθ.
(2)

En combinant () et (), on obtient donc

(n∑)    +       -         ∫ π
ck- f(0-)+-f(0-)- =  -1-   (f(θ)- f(0+ ))Dn (θ)dθ
k=-n       2           2π ◟0--------◝◜---------◞
                                 Jn
                            1 ∫ 0          -
                          +2π-   (f(θ)- f(0 ))Dn(θ)dθ .
                              ◟-π-------◝◜----------◞
                                        Kn
Soit θ ∈ ]0,π]. Alors e1 donc
     ∑n   iθk   (eiθ)n+1 --(eiθ)-n  sin((n-+1)θ⁄2)
Dn(θ) =     (e  ) =      eiθ - 1     =    sin(θ⁄2)   ⋅
    k=- n
Ainsi,
∫                          ∫
πf(θ)-f(0+)                       0 f(θ)--f(0- )
Jn=0sin θ    sin((n + 1)θ⁄2)dθ,Kn =  -π    sin θ   sin ((n +1)θ⁄2)dθ.
  2                                  2
On va maintenant se ramener à la situation du a) . On sait qu’il existe un réel α > 0 ainsi qu’une fonction g : [0, α] C de classe C1 coïncidant avec f sur ]0,α[. En particulier g(0) = f(0+) donc f(θ) - f(0+ ) = gʹ(0)θ + o(θ) quand θ tend vers 0. Puisque sinθ2 ~θ2 quand θ tend vers 0+, il vient
f(θ)- f(0+)          ʹ
---sin θ---- →θ→0+ 2g (0).
      2
La fonction θ ∈ ]0,π]↦→f(θ)-f(0θ+)
  sin 2 est alors clairement prolongeable en une fonction h+ : [0] C continue par morceaux On démontre de manière similaire que θ ∈[- π,0[ ↦→f(θ)-f(0-)
---sinθ2--- est prolongeable en une fonction h- : [-π,0] C continue par morceaux.

On voit alors, avec les notations de a) , que Jn = In+12(h+) et Kn = In+12(h-) pour tout n ∈ N . Le résultat établi en a) montre alors que (Jn)n et (Kn)n convergent vers 0, et on conclut que

∑n          f(0+)+-f(0- )
    ckn-→→+ ∞      2      ⋅
k=-n

Terminons par le cas général. Soit t ∈ R. La fonction ft est alors de classe C1 par morceaux, et ft (0+ ) = f(t+ ) et ft(0-) = f(t-). Enfin, pour tout k ∈ Z, comme la fonction θ↦→f(θ)e-ikθ est clairement continue par morceaux et 2π-périodique, le résultat démontré en annexe donne

∫π-ikθ    ∫ π         -ik(θ-t)    ∫ π      -ikθ ikt         ikt
ft(θ)e dθ =    ft(θ- t)e      dθ =    f(θ)e   e  dθ = 2πcke .
-π      -π                     -π
Le cas particulier précédent, appliqué à ft, montre donc que
∑n     ikt      ft(0+)+-ft(0- )  f(t+)-+-f(t- )
    cke  n-→→+ ∞       2      =       2     ⋅
k= -n

Annexe : intégrale sur une période

Une difficulté est que le programme de Mathématiques de la filière MPSI/MP ne fournit aucune formule de changement de variable lorsque l’intégrande est seulement supposé continu par morceaux ! Nous allons commencer par combler cette lacune pour un changement de variable translatif : soit en effet h : [a,b] C continue par morceaux, (a0,,an) une subdivision adaptée, et τ ∈ R . Montrons que

∫            ∫
        hτ =     h.
 [a-τ,b-τ]      [a,b]
(3)

D’abord

∫ b   n-1 ∫ a      n- 1∫
   h = ∑    i+1h = ∑         h.
 a     i=0  ai       i=0  ]ai,ai+1[
De même
∫ b-τ     n∑-1 ∫ ai+1-τ   n∑-1∫
     hτ =           h =               hτ.
 a-τ      i=0  ai-τ       i=0  ]ai-τ,ai+1-τ[
En appliquant le théorème de changement de variable sur un intervalle ouvert pour une fonction continue, on trouve ∫

 ]ai-τ,ai+1-τ[hτ = ∫

 ]ai,ai+1[h pour tout i ∈ [ [0,n - 1]]. On en déduit ().

Pour finir, soit h : R C continue par morceaux et 2π-périodique. Soit a ∈ R. Alors

∫       ∫        ∫        ∫      ∫
  π       π+τ      - π      π      π+ τ
 -π hτ = -π+ τ h = - π+τ h + -πh + π   h.
Comme h est 2π-périodique, on trouve ∫ -π

 -π+τh = ∫ -π

 -π+τh2π = ∫ π

 π+ τh = -∫ π+ τ

 πh, et on conclut que ∫π

-πhτ = ∫π

-πh.


[Liste des corrigés]