286. Si f est une fonction de N* dans R, on note M(f) la fonction de N* dans R telle que n ∈ N * , M(f)(n) = 1
n n
∑
k=1f(k).

a) Montrer que, pour toute fonction f de N* dans R, n ∈ N*,M(k)(f)(n)- →k→+ ∞ f(1).

b) Montrer que, si f est polynomiale, il en est de même de M(f).

Solution de Mohamed Houkari

a) Fixons n ∈ N*. Pour toute application f : N*R et tout n ∈ N*, on a

(        )   (                  )  (    )
  M (f )(1)       1            (0)    f(1)
|| M (f )(2)||   || 1⁄2  1⁄2         ||  ||f(2)||
|(    ..   |) = |(  ..        ..     |)  |(  .. |) .
     .          .         .           .
  M (f)(n)      1⁄n  1⁄n  ⋅⋅⋅  1⁄n    f(n)

On note A = (1             (0))
|1⁄2  1⁄2          |
||.        .      ||
(..        ..     )
1⁄n  1⁄n  ⋅⋅⋅  1⁄n et u l’endomorphisme de Rn canoniquement associé à A. L’endomorphisme u est alors diagonalisable (car A est triangulaire inférieure et compte n valeurs propres distinctes).

On pose e = ()
|1.|
(..)
1 et H l’hyperplan engendré par les vecteurs ( )
|0|
||1||
||0.||
( ..)
 0 , ( )
|0|
||0||
||1.||
( ..)
 0 , ..., (  )
| 0|
|| 0||
|| 0.||
( ..)
  1 , c’est-à-dire les (n - 1) derniers vecteurs de la base canonique de Rn.

On a alors les faits suivants :

  • Rn = R e H
  • e est vecteur propre de u pour la valeur propre 1
  • H est stable par u et l’endomorphisme induit par u sur H a pour valeurs propres 1
2, 1
3,,1
n.

Soit une application f : N* R et un entier n ∈ N*. On pose X = (     )
  f(1)
|(  ...  |)
  f(n) et on écrit

X = f (1)e+ X
             H

avec XH ∈ H. Alors,

∀k ∈ N, uk(X ) = f(1)e+ uk(XH )

Or uk (XH )-→k→+∞ 0 puisque l’induit par u sur H est diagonalisable à valeurs propres dans ]-1 , 1[.

Ainsi, uk (X)-→k→+ ∞ f(1)e, donc, pour ce qui est de sa n-ième composante :

M (k)(f)(n) -→   f(1).
          k→+ ∞

b) Par linéarité, il suffit de montrer que, pour tout k ∈ N, l’application M(fk) associée à fk : n↦→ nk est polynomiale. Fixons k ∈ N. On a :

                      n       n-1
∀n ∈ N*, M (fk)(n) = 1-∑ ik = 1-∑ (i+ 1)k.
                   n i=1    n i=0

La question fait directement référence à un résultat classique concernant les sommes de puissances d’entiers consécutifs. L’endomorphisme

    {
Δ :   Rk+1[X]  -→       Rk+1[X]
         P     ↦-→   P(X + 1)- P (X )

a pour image Rk [X] et pour noyau R0[X], ce qui montre qu’il existe un unique Qk ∈ Rk+1[X] vérifiant Qk (0) = 0 et Δ(Qk) = (X + 1)k.

Ainsi

     *            -1                1-
∀n ∈ N , M (fk)(n) = n (Qk(n)- Qk(0)) = n Qk(n)

Or Qk (0) = 0, donc Qk-(n-)
  n est une expression polynomiale en n.

Ainsi, pour tout k ∈ N, l’application M(fk) est polynomiale, ce qui démontre le résultat voulu.
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