a) Soit p N * tel que 2p - 1 est premier. Montrer que p est premier.
b) Montrer que, si p est un élément de N* tel que 2p - 1 est premier, alors 2p-1(2p - 1) est parfait.
On admet dans la suite que tout nombre parfait pair est de la forme précédente. On considère un nombre parfait pair, que l’on écrit donc sous la forme P = 2p-1(2p - 1) où p N * est tel que 2p - 1 est premier. Dans les question c), d), e) , on suppose p≠ 2.
c) Déterminer la classe de P modulo 12.
d) Montrer que P - 1 et P + 1 ne sont pas des carrés.
e) En considérant la classe de P - 1 modulo 4 et celle de P + 1 modulo 3, montrer que P - 1 et P + 1 ne sont pas parfaits.
f) Montrer qu’il n’existe pas de couple de nombres parfaits consécutifs.
g) Prouver le résultat admis.
a) Si p n’est pas premier, posons p = qr avec 2 ≤ q ≤ p - 1. On a
b) Comme 2p-1 ∧ (2p - 1) = 1, on a
ce qui montre que 2p-1(2p - 1) est parfait.
c) Comme p ≥ 3, 2p-1 ≡ 0 (mod 4). Comme p- 1 est pair, 2p-1 ≡ 1 (mod 3). Ainsi 2p-1 ≡ 4 (mod 12) et P = 2p-1(2p - 1) ≡ 4 × 7 (mod 12), soit P ≡ 4 (mod 12).
d) Les carrés de (Z⁄12Z,+,×) sont 0,1,4 et 9, donc ni P - 1, ni P + 1 ne sont des carrés dans (Z ⁄12Z , +, ×). A fortiori ni P - 1, ni P + 1 ne sont des carrés dans Z.
e) Montrons que P - 1 n’est pas parfait. Comme P - 1 n’est pas un carré, l’ensemble des diviseurs de P - 1 est
Ainsi
Or, puisque P - 1 ≡ 3 (mod 4), si δ divise P - 1, δ est impair et donc δ2 + P - 1 ≡ 0 (mod 4) et ≡ 0 (mod 4). Ainsi σ(P - 1) ≡ 0 (mod 4). Or 2(P - 1) ≡ 2 (mod 4), donc σ(P - 1)≠ 2(P - 1) et P - 1 n’est pas parfait.
Montrons maintenant que P + 1 n’est pas parfait. Le raisonnement est analogue en considérant des congruences modulo 3. On a
Si δ divise P + 1, puisque P + 1 ≡ 2 (mod 3), on a δ ≡ 1 ou 2 (mod 3) et donc δ2 + P + 1 ≡ 0 (mod 3) et ≡ 0 (mod 3). Ainsi σ(P + 1) ≡ 0 (mod 3). Or 2(P + 1) ≡ 1 (mod 3), donc σ(P + 1)≠ 2(P + 1) et P + 1 n’est pas parfait.
f) Raisonnons par l’absurde en considérant n N* tel que n et n + 1 sont parfaits.
∙ Si n est pair, on dispose de p premier tel que n = 2p-1(2p - 1). On a p≠2 puisque 7 n’est pas parfait, donc p ≥ 3, mais alors d’après e) , n + 1 n’est pas parfait. C’est absurde.
∙ Si n est impair, on dispose de p premier tel que n + 1 = 2p-1(2p - 1). On a p≠2 puisque 5 n’est pas parfait, donc p ≥ 3, mais alors d’après e) , n = (n + 1) - 1 n’est pas parfait. C’est absurde.
Ainsi, il n’existe pas de couples constitué de deux nombres parfaits consécutifs.
g) Considérons N un nombre pair parfait et établissons l’existence de p premier tel que 2p - 1 est premier et N = 2p-1(2p - 1).
On pose N = 2Q (2m + 1) avec Q N* et m N. Alors
Comme 2Q+1 - 1 et 2Q+1 sont premiers entre eux, on dispose de T N* tel que 2m + 1 = (2Q+1 - 1)T et σ(2m + 1) = 2Q+1T .
Supposons T≠ 1. Alors
ce qui est absurde. Donc T = 1 et N = 2Q(2Q+1 - 1). Comme N est parfait, on en déduit que σ(2Q+1 - 1) = 2Q+1, ainsi 1 et 2Q+1 - 1 sont les seuls diviseurs de 2Q+1 - 1 qui est donc premier ; selon a) , Q + 1 est premier. Posons alors p = Q + 1 ; on a N = 2p-1(2p - 1) avec p et 2p - 1 premiers.
Note : ∙ On ignore s’il existe des nombres parfaits impairs.
∙ Les nombres premiers de la forme 2p - 1 sont appelés les nombres de Mersenne ; on ignore s’ils
sont en nombre infini. Les plus grands nombres premiers connus actuellement sont des nombres de
Mersenne.
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