3. L’ensemble des permutations de N est-il dénombrable ?

Solution synthétisant les propositions de Salim Alloun, Maxime Bourrigan, Christophe Jan, Moubinool Omarjee, Éric Pité, Marien Renaud et Colas Bardavid

À toute partie A de N, on attribue la fonction σA : N N définie comme suit : pour tout k ∈ N, σA (2k) = 2k et σA(2k + 1) = 2k + 1 si k ∈ A, et σA(2k) = 2k + 1 et σA (2k + 1) = 2k sinon ; elle vérifie évidemment σ2A = idN et c’est donc une permutation de N.

Notons que pour tout A N, on retrouve A = {k ∈ N : σA(2k) = 2k}, si bien que la fonction A ∈ P(N)↦→ σA ∈𝔖(N) est injective. Par suite, si 𝔖(N) était fini ou dénombrable alors P(N) le serait également.

On conclut que 𝔖(N) est indénombrable puisque, classiquement, P(N) est indénombrable. Ce résultat dernier ne figurant pas explicitement au programme, redémontrons-le. Pour toute fonction f : N P(N), l’ensemble A := {n ∈ N : n ∈ f(n)} est hors de l’image de f (en effet si c’était l’image d’un entier k par f on aurait k ∈ A si et seulement si k ∈ f(k) ce qui contredirait la définition de A), si bien que f n’est pas surjective. Comme P(N) est évidemment non vide, la conclusion s’ensuit.

Solution d’après Rémi Morvan et Duncan Sussfeld, élèves de l’ENS Paris-Saclay

Il existe une bijection σ : N Q ; la fonction φ ∈𝔖(N)↦→σ φ σ-1 ∈𝔖(Q) est alors clairement une bijection. Il suffit donc de montrer que 𝔖(Q) est indénombrable. Pour cela, il suffit de construire une injection de R dans 𝔖(Q), l’indénombrabilité - connue - de R impliquant alors celle de 𝔖(Q).

Soit x un réel. Les ensembles Q+x := {y ∈ Q : y x} et Q-x := {y ∈ Q : y < x} sont évidemment infinis, donc dénombrables car ils sont inclus dans Q qui est dénombrable. Il existe donc une bijection gx : Q +x Q-x. On peut alors définir une permutation (involutive) fx : Q Q par la formule fx (y) = gx(y) si y ∈ Q+x, et fx(y) = g-x1(y) sinon. On notera en particulier que fx (y) < y si y ∈ Q+x, et fx(y) > y sinon.

Montrons pour finir que x ∈ R↦→fx est injective. Soit a < b dans R. Par densité de Q dans R, il existe un rationnel y dans ]a,b[. Alors ga(y) < y et gb(y) > y, donc gagb. Cela achève la démonstration.


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