227. Soit p 3 un nombre premier. On définit l’application v de Q dans Z ∪{+∞} en posant v(0) = +et, si (a,b,k) ∈ Z*× Z*× Z vérifie a b = ab p = 1, v( ka)
 p b = k.

a) Pour (x, y) ∈ Q2, montrer que v(xy) = v(x) + v(y),v(x + y) min(v(x),v(y)).

b) Pour n ∈ N * , montrer que v(n!) < -n-
p-1.

c) Soit P = ∑

k∈NakXk ∈ Q[X]. Pour i ∈ N, soit v(i)(P) = min{v(aj);j ∈ N,j i}. On fixe m ∈ N , R = (X - m)P . Montrer que i ∈ N,v(i+1)(R) v(i)(P).

d) Soient (dn )n∈N ∈ ZN et, pour n ∈ N, bn = ∑n

k=0(n k) dkpk. Montrer que, si la suite (bn)n∈N s’annule une infinité de fois, elle est identiquement nulle.

a) Notons que si (a,b,k) ∈ Z*× Z*× Z vérifie b p = 1 alors v(   )
 pkabk.

Supposons x = piab et y = pjcd avec a b = c d = (abcd) p = 1. Alors

v(xy) = v(pi+jac) = i+ j = v(x)+ v(y).
             bd

De plus, si i j, alors x + y = piad+pj-ibc
   bd et on a (bd) p = 1 donc v(x + y) i.

b) Nous utiliserons la formule de Legendre qui affirme que pour tout entier n ∈ N* et tout nombre premier p on a

          ⌊  ⌋
       +∑∞  -n
v(n!) =     pk
       k=1

Preuve Pour 1 k N = ⌊    ⌋
  lnn-
  lnp, le nombre des multiples de pk compris entre 1 et n est ck = ⌊n⌋
pk et celui des entiers multiples de pk mais pas de pk+1 est ck -ck+1 (où cN+1 = 0). On a donc

   N               N       N+1           N ⌊   ⌋
v(n!)=  ∑  k(c  - c  ) = ∑  kc - ∑  (k- 1)c = ∑   -n  .
  k=1   k   k+1   k=1  k   k=2       k  k=1 pk

On peut alors majorer

       +∑∞ -n   --n--
v(n!) <   pk = p - 1 .
       k=1

L’inégalité est stricte car ⌊  ⌋
 nk
 p = 0 pour k assez grand.

c) On a R = ∑
kbkXk avec k,bk = ak-1 - mak (avec a-1 = 0). Comme pour k i on a v(aj ) v(i) (P) on déduit de a) que, pour tout k i, on a v(bk+1) v(i)(P) soit v(i+1) (R) v(i) (P).

d) Considérons la base des polynômes de Hilbert définis par

H0 = 1  et  ∀j ≥ 1, Hj = X-(X---1)...(X---j +-1).
                                  j!

On peut alors écrire bn = +∑∞

j=0pjdjHj(n) puisque Hj(n) = 0 pour j n.

Supposons que bn s’annule pour les entiers n1 < n2 < ⋅⋅⋅ < nk et prenons N ∈ N quelconque tel que N > nk . Soit enfin fN = ∑N

j=0pjdjHj ∈ Q[X].

On a ainsi n ∈ {0,,N},bn = fN(n).

En appliquant le c) avec le facteur P =  k
 ∏
i=1(X - ni) au polynôme fN on a

∀n ≤ N,    v(b) = v(f  (n )) ≥ v(k)(f )
             n      N           N

Or, pour j k, on a dj ∈ Z donc

 (  j  )
v  p-dj  ≥ j - v(j!) ≥ j --j--= jp--2-≥ kp--2-
    j!                  p- 1    p- 1    p- 1

et donc le coefficient aj de Xj dans fN, qui est combinaison linéaire à coefficients entiers des termes pidi
-i!- pour i j, a aussi une valuation p-adique supérieure à kp- 2
p--1. Finalement

                                      p - 2
∀n ≤ N,    v(bn) = v(fN (n)) ≥ v(k)(fN ) ≥ kp---1

Ceci étant vrai pour tout N assez grand on a n,v(f(n)) kp-2
p-1.

Comme (bn ) s’annule une infinité de fois ce qui précède s’applique pour tout k ∈ N donc, du fait que p 3, pour tout n ∈ N, v(bn) = +i.e. bn = 0. On déduit alors par récurrence sur n que bn = 0.

Remarque Ce qui précède est issu de l’article

Le théorème de Skolem-Mahler-Lech par Nicolas Tosel, RMS 1 vol 116 Octobre 2005.
[Liste des corrigés]