Solution de Laurent Bonavero
La réponse est négative et nous en proposons deux démonstrations, dont la première est proposée par Laurent Bonavero.
Cela découle immédiatement du :
Lemme 1.Pour toute suite (ck)k R, il existe une fonction f : R → R, somme d’une série entière, vérifiant : ∀k N, f(k) ≥ ck.
Preuve. Soit (nk )kN* NN* strictement croissante telle que nk ≥ c k+1. La série entière c0 + ni a un rayon de convergence infini puisque, pour tout r > 0, limi→+∞ni = 0, et sa somme f vérifie f(0) ≥ c0 ainsi que, pour tout k N,
L’idée est similaire, mais on se propose de prouver un théorème d’interpolation plus précis :
Théorème 1.Pour toute suite (cn)n RN, il existe une fonction f : R → R, somme d’une série entière, vérifiant : ∀n N, f(n) = cn.
Cet énoncé, et sa preuve, sont directement inspirés du théorème d’interpolation général qu’on peut lire dans le Rudin ([RU], théorème 15.13), lui-même corollaire du théorème de Mittag-Leffler. Nous aurons besoin du lemme suivant :
Preuve. On a
Preuve du théorème. Soit (cn)nN RN. Choisissons, pour chaque n N*, un entier mn vérifiant mn+1 ≤. Pour des raisons de simplicité de rédaction, on supposera sans perte de généralité que la suite (mn) est croissante. Posons :
Montrons que cette fonction est bien définie et continue. Soit N N*.
Pour x [-(N - 1),N - 1], et n ≥ N, on a
On en déduit que la série de fonctions
En outre, toujours pour x [-(N - 1),N - 1], puisque |cn| ≤, la famille n≥N,k>mn est sommable et l’on a :
Par le théorème de Cauchy, l’application
est développable en série entière sur [-(N - 1),N - 1].
Or, par le lemme, il en est de même de l’application
Donc f est développable en série entière sur [-(N - 1),N - 1]. Ceci étant vrai pour tout N N*, f est développable en série entière sur R (par unicité du développement en série entière, les coefficients du développement en série entière sur [-(N - 1),N - 1] sont indépendants de N).
[RU] Walter Rudin, Analyse réelle et complexe, Dunod 3e édition.