87. Soit φ une fonction convexe de R+ dans R+ telle que φ(0) = 0.

a) Montrer que φ est continue.

b) On note Eφ l’ensemble des fonctions f : R R continues par morceaux telles que φ•|f| soit intégrable sur R. Montrer que Eφ est un sous-espace vectoriel de RR si et seulement s’il existe C > 0 tel que : x ∈ R+*, φ(2x) Cφ(x).

a) Toute fonction convexe sur R+ est continue sur R+*. La continuité en 0 découle par exemple de l’encadrement 0 φ(x) (1) + (1 - x)φ(0) = (1) pour tout x ∈ [0, 1].

b) Observons tout d’abord que φ est croissante, en effet le taux d’accroissement

    φ(x)- φ(0)   φ(x)
x ↦→ ----x-----=  -x--
est croissant et positif sur R+* ; par suite x↦→φ(x) = x.φ(x)
-x-- l’est aussi.

  Supposons qu’il existe C > 0 tel que φ(2x) (x) pour tout x > 0. Il en résulte que, pour tous x, y 0, on a

            (      )
φ(x+ y) ≤ C φ x+-y- ≤ C φ(x)+-φ-(y).
                2            2
L’ensemble Eφ contient la fonction nulle. Il est stable par somme : soit f,g ∈ Eφ, alors on a
                         C                  1
0≤φ •|f + g| ≤ φ •(|f|+ |g|) ≤ 2-(φ •|f|+ φ •|g|) ∈ L (R)
donc φ • |f + g| est intégrable sur R et f + g ∈ Eφ. Soit λ ∈ R et f ∈ Eφ. On prend un entier n > 0 tel que 2n |λ|. Alors on a φ •|λf|φ (2n|f|) Cnφ •|f|∈ L1(R), donc λf ∈ Eφ .

  Supposons que Eφ soit un sous-espace vectoriel de RR. Le cas où φ est la fonction nulle étant trivial, on peut supposer qu’il existe x > 0 tel que φ(x) > 0. Comme φ est croissante et continue, il existe A 0 tel que φ = 0 sur [0,A] et φ > 0 sur ]A,+[. Par l’absurde si A > 0, alors la fonction constante f = A est dans Eφ (puisque φ f = 0) tandis que 2f⁄∈ Eφ (puisque φ (2f) est constante > 0 sur R). Ainsi on a φ > 0 sur R+*.

Montrons le résultat souhaité par l’absurde, ce qui revient à supposer l’existence d’une suite (an )n1 dans R +* telle que φ(2an) > nφ(an) pour tout n ∈ N*. On considère alors une fonction en escalier f dont le graphe est formé de rectangles de hauteur an et de largeur bn = (n2φ(an))-1. Plus précisément, soit (xn) une suite croissant vers + suffisamment vite de sorte que xn+1 > xn + bn pour tout n ; on définit f par

       ∑
f (x) =     an11[xn,xn+bn](x).
       n∈N*
Alors
∫         ∑             ∑    1
   φ •f =     bnφ(an) =     -2 < +∞
 R        n∈N*         n∈N *n
et
∫
        ∑              ∑              ∑   1-
Rφ•(2f) =    *bnφ(2an) ≥   * nbnφ(an) =   * n = + ∞
        n∈N            n∈N            n∈N
ainsi f ∈ Eφ et 2f⁄∈ Eφ. Cette contradiction conclut le raisonnement.
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