a) Soient A et B dans n(C), L la matrice de n(n-1)2,n(C) dont les lignes sont les Ai Bj - Bj Ai , 1 ≤ i,j ≤ n - 1. Montrer que A et B ont un vecteur propre commun si et seulement si rg (L) < n.
b) Montrer que l’ensemble des A de n(C) tels que A et tA n’admettent aucun vecteur propre commun est un ouvert dense de n(C).
Solution de Mohamed Houkari
a) ∙ Supposons que A,B ont un vecteur propre commun X. On note λ (resp. μ) la valeur propre de A (resp. B) associée. Alors, pour tous i,j [[1;n - 1]], on a
donc X appartient au noyau de L, ce qui montre que rg(L) < n.
∙ Supposons que rg(L) < n et prenons X≠0 appartenant à KerL. Alors
Ceci reste vrai pour i,j [[0;n - 1]]. En combinant linéairement ces égalités, on obtient
Plus généralement,
résultat qu’on obtient en effectuant la division euclidienne de P par χA et Q par χB.
L’ensemble {P C[X],P(A)X = 0} est un idéal de C[X], dont on note μA,X l’unique générateur unitaire. Comme X est non nul, μA,X est non constant, donc admet une racine λ. Écrivons alors
Posons Y = QA,X(A)X. Puisque QA,X est de degré strictement inférieur à celui de μA,X, on a Y ≠ 0. Par ailleurs, on a :
L’ensemble {P C[X],P(B)Y = 0} est également un idéal de C[X] dont on note μB,Y l’unique générateur unitaire. De la même manière, on note μ une racine de ce polynôme qu’on écrit alors
b) Considérons l’application L : (A,B)L(A,B), où L(A,B) est définie comme à la question a) , et l’application α : A(A,tA). Ces deux applications sont continues, donc leur composée aussi.
Par ailleurs, considérons l’application β qui à une matrice M de taille (n(n - 1)2,n) associe le produit de tous les déterminants des matrices de taille n qu’on puisse y extraire : c’est une application continue de n(n-1)2,n(C) dans C, continue car polynomiale en les coefficients de M.
La composée β • L•α est continue, et, d’après la question précédente, l’ensemble des matrices A ne présentant aucun vecteur propre commun avec leur transposée est l’image réciproque de l’ouvert C* par cette application. Donc, c’est un ouvert de n(C).
Il nous reste à démontrer sa densité dans n(C). L’application φ : Adet(AtA -tAA) peut être considérée comme une application polynomiale à n2 indéterminées (en les coefficients de A), et à coefficients complexes. Si cette application n’est pas identiquement nulle, alors l’ensemble de ses zéros est d’intérieur vide : dans le cas contraire, on se place sur une boule ouverte non vide sur laquelle φ s’annule et on démontre, par dérivations partielles successives, que les coefficients de ce polynôme sont tous nuls. Or l’ensemble des A ayant un vecteur propre commun avec tA est inclus dans l’ensemble précédent puisque, si AX = λX et tAX = μX, (tAA - AtA)X = 0.
Il suffit pour conclure de construire, pour n ≥ 2, une matrice An telle que φ(An)≠0. Posons, pour n = 2 et n = 3,
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