18. Soit (G, .) un groupe. Si f est une fonction de G dans R, on dit que f est un quasi-morphisme s’il existe C > 0 tel que (x,y) ∈ G2,|f(xy) - f(x) - f(y)|C et que f est un quasi-caractère si (n,x) ∈ Z × G,f(xn) = nf(x). Montrer que, pour tout quasi-morphisme M de G dans R, il existe un unique quasi-morphisme qui est aussi un quasi-caractère Q de G dans R tel que M - Q soit bornée.

Solution de Ivan Gozard

Unicité
Soit Q un quasi-caractère tel que M - Q soit bornée, autrement dit tel qu’il existe K ∈ R+ qui vérifie : g ∈ G, |M(g) - Q(g)|K. Alors :

∀g∈G,   ∀n ∈ Z, |M (gn) - nQ(g)| = |M (gn)- Q (gn)| ≤ K.
Soit g ∈ G. Alors
   |    n       |                               n
∀n∈N*,  ||M-(g-)- Q (g)||≤  K-    ⇒     Q (g) =  lim  M-(g-).
   |  n         |   n                  n→+∞    n

D’où l’unicité.

Existence
Par une récurrence immédiate, on voit que :

*           p
∀p∈N,∀(g1,...,gp) ∈ G ,|M (g1⋅⋅⋅gp)- M (g1)- ⋅⋅⋅- M (gp)| ≤ (p - 1)C.

- Par conséquent, pour tout g ∈ G, pour tout (m,n) ∈ (N*)2, on a :

|M(gnm) - nM (gm )| = |M ((gm)n)- nM (gm)| ≤ (n - 1)C
et
|M(gnm)- mM  (gn)| = |M ((gn )n)- mM (gn)| ≤ (m - 1)C,
donc
||M(gnm)M(gm )||  (n- 1)C    C      ||M  (gnm )  M (gn)||  (m - 1)C   C
||nm-m---|| ≤--mn----≤  m- et  ||-nm--- - --n---|| ≤---mn--- ≤ n-,
donc
||M(gm)M(gn)||  ||M (gnm)   M (gm)||  ||M (gnm)   M (gn)||   C   C
||m--n--|| ≤ ||-nm--- - --m---||+ ||--nm--- - --n--|| ≤ m-+ n-.
Il en découle immédiatement que la suite (M  (gn))
 ---n--n∈N* est de Cauchy. Elle est donc convergente ; on note Q(g) sa limite.

- Pour tout g ∈ G, pour tout n ∈ N*,

                        |            |
|M(gn)-nM (g)| ≤ (n- 1)C donc  ||M-(gn)-- M (g)||≤  (n---1)C-≤ C,
                        |  n         |      n
d’où, en passant à la limite, |Q (g)- M (g)|C.

- Notons e le neutre de G. Pour tout g ∈ G, pour tout n ∈ N*,

     n       -n        n - n      n       - n
|M(e)-M (g )- M (g  )| = |M (g g  )- M (g ) - M (g   )| ≤ C,
donc
|                         |
||M (e)  M (gn)   M ((g- 1)n)||   C
||--n--- ---n-- - ----n----|| ≤ n,
d’où, en passant à la limite, Q(g-1) = -Q(g).

- Soit (g, h) ∈ G2 .

|Q(gh)-Q(g)- Q (h)|  ≤  |Q (gh)- M (gh)|+ |Q(g)- M (g)|+|Q (h) - M (h)|
                 +|M (gh )- M (g) - M (h)|

          ≤  4C .

Ceci vaut pour tout (g,h) ∈ G2. Donc Q est un quasi-morphisme.

- Soit g ∈ G.

Pour tout n ∈ N* ,M(en) = M(e) donc

                       n
Q (g0) = Q(e) = lim   M-(e-)-=  lim   M-(e)-= 0.
              n→+ ∞   n     n→+∞   n
Soit k ∈ N* .
                 k n              kn
Q(gk) = lim   M-((g-)-)= k  lim  M-(g--)= kQ (g).
       n→+∞     n        n→+∞   kn
Comme Q(g-k ) = Q((gk)-1) = -Q(gk) on a : Q(g-k) = -Q(gk) = -kQ(g). Finalement : k ∈ Z, Q(gk ) = kQ(g). Ainsi Q est un quasi-caractère.
[Liste des corrigés]