346. Soit φ : R 2 R de classe C1. On note Z = φ-1({0}).

a) Soit z ∈ Z tel que φ(z)0. Que dire de Z au voisinage de z ?

b) On suppose que Z est compact non vide et que φ ne s’annule pas sur Z. Quelle est l’image de z ∈ Z↦→-∇φ(z)-
∥∇φ(z)∥ ?

a) On prend une base (⃗u,⃗v) de R2 dans laquelle la seconde coordonnée de φ(z) est strictement positive. On considère d’abord le cas où z = (0,0) et (⃗u,⃗v) est la base canonique de R2. On munit R2de la norme infinie.

Nous allons montrer qu’il existe deux réels rʹ > 0 et r > 0 et une fonction f : ]-rʹ,rʹ[]-r,r[ de classe C1 telle que

   (]     [  ]    [)
Z ∩  - rʹ,rʹ× - r,r   = Γ f
(1)

(théorème des fonctions implicites dans R2).

D’abord, 2 φ est continue et 2φ(0,0) > 0, donc il existe des réels r > 0 et β > 0 tels que 2 φ(x) β pour tout x ∈ Bo(0,r). La fonction continue t↦→φ(0,t) est de dérivée t↦→2φ(0,t), donc elle est strictement croissante sur [-r,r]. Il vient en particulier φ(0,r) > 0 et φ(0,-r) < 0. Par continuité de φ en (0,r) et (0,-r), on trouve alors un réel rʹ∈]-r,r[ tel que φ(s,r) > 0 et φ(s, -r) < 0 pour tout s ∈]-rʹ,rʹ[.

Fixons s ∈ ]-rʹ,rʹ[. La fonction γ : t ∈ [-r,r]↦→φ(s,t) est continue et strictement croissante, avec γ(r) > 0 et γ(-r) < 0 : elle s’annule donc en un unique point de ]-r,r[ que l’on notera f(s). Mieux, comme γʹ est minorée par β sur ]-r,r[, l’égalité des accroissements finis montre que |γ(f(s)) - γ(0)|β|f(s) - 0|, autrement dit |f(s)|β-1|φ(s,0)|.

On en déduit déjà l’égalité (). En outre, comme φ(0) = 0, le développement limité de φ à l’ordre 1 en (0, 0) donne que φ(s,0) = O(s) quand s tend vers 0, donc f(s) = O(s), en particulier f est continue en 0. Pour α := 1φ(0) et γ := 2φ(0) (non nul), on a, quand s tend vers 0,

0 = φ(s,f(s)) = αs+ γf(s)+ o(|s|+ |f (s)|),
et comme f(s) = O(s) le reste est négligeable devant s au voisinage de 0, si bien que f(s) = -αγ-1 s + o(s). Ainsi f est dérivable en 0.

Par translation, le résultat précédent se généralise comme suit : pour tout (a,b) ∈ Z en lequel 2 φ(a, b) > 0, il existe un couple (ρʹ) ∈ (R*
+)2 et une fonction g : ]a-ρʹ,a + ρʹ[]b-ρ,b + ρ[ dérivable en a et telle que

    (]    ʹ     ʹ[  ]         [)
Z ∩   a- ρ ,a + ρ ∩  b- ρ,b+ ρ  = Γ g.
Nous allons en déduire que f est dérivable. Fixons a ∈]-rʹ,rʹ[ et appliquons le résultat au point (a, f(a)) ∈ Z, où l’on a effectivement 2φ(a,f(a)) β > 0 (on notera ρʹ,ρ,g les objets ainsi obtenus). Remarquons ensuite que f et g coïncident au voisinage de a : en effet d’abord (a,f(a)) = (a,g(a)) puisque (a,f(a)) est bien un point de Z (]a-ρʹ,a+ρʹ[∩ ]f(a)- ρ,f(a)+ ρ[) d’abscisse a ; ensuite, par continuité de l’application s↦→ (s,g(s)) en a on voit que (s,g(s)) ∈]-rʹ,rʹ[×]-r,r[ pour s voisin de a, donc g(s) = f(s) pour s voisin de a. Comme g est dérivable en a, on conclut que f l’est aussi.

Ainsi, f est dérivable. Par dérivation de la fonction composée x↦→φ(x,f(x)), on obtient alors

    ]   ʹ ʹ[               ʹ
∀x ∈ - r,r ,∂1φ(x,f(x)) + f(x)∂2φ(x,f(x )) = 0
d’où l’on tire
∀x∈ ]- rʹ,rʹ[,fʹ(x) = - (∂1φ(x,f(x)))(∂2φ(x,f(x)))-1.
Comme f est continue, tout comme les dérivées partielles de φ, cela montre que fʹ est continue. En conclusion, f est de classe C1.

Revenons au cas général : en utilisant l’isomorphisme affine (s,t)↦→z + s⃗u + t⃗v, on se ramène à la situation précédente pour obtenir deux réels rʹ > 0 et r > 0 et une fonction f : ]-rʹ,rʹ[]-r,r[ de classe C1 telle que

{         ]   ʹ ʹ[   ]   [}   {                 ]  ʹ ʹ[}
Z∩z+s⃗u+t⃗v | (s,t) ∈ - r,r × - r,r =  z + s⃗u + f(s)⃗v | s ∈ - r ,r .
(2)

Plus grossièrement, il existe un voisinage de z dont l’intersection avec Z est le support d’un arc régulier de classe C1.

b) Nous donnons une solution indépendante de la question précédente.

Pour tout z ∈ Z le vecteur Ψ(z) := ∇ φ(z)
∥∇-φ(z)∥ est évidemment unitaire. Réciproquement, donnons-nous un vecteur unitaire ⃗u de R2 et montrons qu’il existe un point z de Z tel que Ψ(z) = ⃗u .

Nous introduisons la forme linéaire θ : x ∈ R2↦→(⃗ux). Elle est continue, donc sur le compact non vide Z elle admet un maximum M et un minimum m. En particulier, φ ne s’annule sur aucun des ensembles

        2                          2
A:= {x ∈ R : θ(x) > M } et B := {x ∈ R : θ(x) < m}.
On vérifie facilement que chacun d’entre eux est convexe, donc connexe par arcs. Le théorème des valeurs intermédiaires montre donc que la fonction continue φ est de signe constant sur A et B. Mieux, montrons que φ a même signe sur A et B ! On peut en effet compléter ⃗u en une base orthonormée (⃗u,⃗v) de R2 : le compact Z est borné pour la norme infinie N dans cette base, d’où un réel R > 0 tel que x ∈ Z,N(x) < R. Le segment délimité par (m - 1)⃗u + R⃗v et (M + 1)⃗u + R⃗v ne rencontre donc pas Z, et a ses extrémités respectivement dans B et A. Une nouvelle application du théorème des valeurs intermédiaires montre que φ a même signe en ces extrémités, et ainsi φ est de signe constant sur A B.

Nous introduisons maintenant des points a et b de Z tels que θ(a) = M et θ(b) = m.

  • Supposons d’abord que φ(z) 0 pour tout z ∈ AB. Montrons que φ est positive sur C := {x ∈ R2 : θ(x) M}. Soit x ∈ C. Pour tout t ∈ R*+ on a θ(x + t⃗u) > M donc φ(x + t⃗u ) 0 ; en faisant tendre t vers 0 on trouve donc φ(x) 0 par continuité de φ.

    Soit ensuite ⃗w ∈ R2 tel que θ(w⃗) 0. Pour tout t ∈ R*+ on a θ(a + t⃗w) θ(a) = M, donc

    φ(a+ t⃗w)- φ (a)
-------t-------≥ 0.
    En faisant tendre t vers 0 il vient donc
    (∇φ (a) | ⃗w) ≥ 0.
    (3)

    Si en outre ⃗w⃗u alors cette inégalité s’applique aussi à -⃗w et montre que φ(a)⃗w. Ainsi, par double orthogonalité φ(a) = λ⃗u pour un réel λ (nécessairement non nul). Si λ < 0 on obtiendrait une contradiction en appliquant () à ⃗w := -∇φ(a). Ainsi λ > 0 puis Ψ(a) = ⃗u .

  • Supposons ensuite que φ(z) 0 pour tout z ∈ AB. Alors le cas précédent s’applique au couple (-φ,-⃗u), ce qui donne Ψ(b) = ⃗u.

En conclusion, l’image de Ψ est l’ensemble des vecteurs unitaires de (R2,∥-∥).


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