[Table des matières]

Groupes quasi aléatoires

par Nicolas Tosel

Lycée Louis-le-Grand, Paris

Résumé. Ce texte est une version détaillée d’un exposé donné le 3 Juin 2016, lors d’une journée en l’honneur de Bernard Randé. Son but essentiel est de présenter la notion de groupe quasi aléatoire, introduite par Gowers en 2007. Afin de motiver la discussion, nous partons d’un problème de théorie des groupes finis d’énoncé élémentaire, l’estimation du cardinal maximal d’une partie absolument instable. Une partie des résultats démontrés est présente dans le sujet 0 de l’agrégation docteurs (problème 1, en ligne).

Abstract. Quasirandom groups

This text is the elaborate version of a conference given on June 3rd, 2016, during a day in honour of Bernard Randé. Its main goal is to present the notion of quasirandom group, introduced by Gowers in 2007. In order to inspire the discussion, we begin with a elementary problem from the theory of finite groups, the estimate of the size of the largest product-free subset. Some of these results can be found in the test subject of the agrégation docteurs (problem 1, on line).

Mots-clés : groupes finis, représentations, parties absolument instables, groupes quasi-aléatoires.

1.Introduction, notations et rappels

Dans tout ce texte, (G,.) désigne un groupe fini non nul de neutre e. Si r est dans N* et si A1,,Ar sont des parties non vides de G, on pose

A1A2...Ar := {a1a2...ar;(a1,a2,...,ar) ∈ A1 × A2 × ⋅⋅⋅× Ar}.

Exercice 1.Soient A et B deux parties non vides de G. Montrer

max (|A |,|B|) ≤ |AB | ≤ |A|× |B|.

Une partie non vide X de G est dite absolument instable1 1. En anglais : product-free. si (XX) X = , i.e. si

∀(x,y) ∈ X2   xy ⁄∈ X.

On note α(G) le cardinal maximal d’une partie absolument instable de G. Les premiers résultats relatifs à α(G) sont dus à Babai et Sòs ([2]). Ces auteurs ont prouvé que, si G a un quotient abélien non nul :

       2
α(G) ≥ 7|G |.
Ils ont également établi une minoration de α(G) valable sans hypothèse sur G. En 1997, Kedlaya ([7]) a amélioré cette minoration : il existe une constante C strictement positive telle que, pour tout G :
α(G) ≥ C |G |11⁄14.

Ces résultats conduisent aux questions suivantes, dont la première remonte à [2] et la seconde à [7].

- Existe-t-il une constante C > 0 telle que, pour tout G, on ait

α (G ) ≥ C |G |?

- Sinon, est-il vrai que, pour tout élément ε de ]0,1[, il existe Cε > 0 tel que, pour tout G :

           1-ε
α(G) ≥ C ε|G | ?

En 2007, Gowers a démontré le théorème suivant ([4]), qui infirme la seconde conjecture, donc, a fortiori, la première.

Théorème 1.Il existe une constante C > 0 telle que, pour tout nombre premier p :

α (SL2(Fp)) ≤ C |SL2(Fp)|8⁄9.

Ces résultats appartiennent à la version non commutative de la combinatoire additive 2 . Ils constituent un fil conducteur de ce texte, dont le but essentiel est cependant de présenter la notion de groupe quasi aléatoire3 , introduite par Gowers dans [4]. La rédaction doit beaucoup aux articles originaux, mais aussi aux livres [8] et [10]. On ne fait ici qu’effleurer le sujet. Le lecteur désireux d’approfondir la notion de groupe quasi aléatoire trouvera dans le chapitre 3 de [10] une discussion plus approfondie ; cette référence et l’article [5] inscrivent le sujet dans la thématique récente des groupes approximatifs .

La section 2 est consacrée aux minorations de α(G). La suite du texte (sections 3 à 5) est centrée sur la notion de groupe quasi aléatoire. On y établit des propriétés d’ expansion dont le théorème 1 est un simple corollaire.

Le prérequis est limité aux notions de base sur les groupes et les représentations4 . Dans la section 2, une conséquence de la classification des groupes finis simples joue un rôle de boîte noire. Le texte est complété par quelques exercices.

Nous terminons cette introduction par quelques rappels.

Le groupe dérivé de G est le sous-groupe de G engendré par les commutateurs ghg-1h-1 pour (g, h) dans G2  ; on le note D(G). Rappelons que D(G) est un sous-groupe normal (c’est-à-dire distingué) du groupe G, que le quotient G⁄D(G), appelé abélianisé de G, est le plus grand quotient abélien de G. Précisément, si H est un sous-groupe normal de G tel que G⁄H soit abélien, alors H contient D(G) et G⁄H est donc isomorphe à un quotient de l’abélianisé de G.

Le groupe G est dit parfait s’il n’a pas de quotient abélien non trivial, soit G = D(G). Si G n’est pas parfait, G a un quotient cyclique non nul.

Le groupe G est dit simple s’il est non nul et n’a pas de sous-groupe normal autre que lui-même et le sous-groupe nul. Les groupes simples et abéliens sont les groupes (cycliques) d’ordre premier. On montre facilement que tout groupe fini non nul admet un quotient simple (considérer un sous-groupe normal strict de G de cardinal maximal, donc maximal au sens de l’inclusion).

Exercice 2.a) Vérifier qu’un groupe simple de cardinal non premier est parfait.

b) Vérifier que tout quotient d’un groupe parfait est parfait.

c) Soit p un nombre premier 5. Justifier que SL2(Fp) est parfait non simple.

2.Minorations de α(G)

2.1.Le cas où G n’est pas parfait

Commençons par un exemple simple.

Lemme 1.Supposons G cyclique. Alors

       ⌊       ⌋
         |G-|+1-             2
α (G ) ≥    3    ,    α(G) ≥ 7|G |.

Démonstration   On peut supposer que G est le groupe Z⁄nZ où n 2. Posons

     ⌊     ⌋
      n-+-1           {--             }
m :=    3   ,    X :=  k;m ≤ k ≤ 2m - 1 .
On vérifie immédiatement que X est absolument instable, d’où le premier point. La seconde inégalité est conséquence de la première si n 5 et résulte d’un raisonnement direct sinon.

cqfd

Exercice 3.Vérifier que la constante 2
7 est optimale.

Lemme 2.Soit N un sous-groupe normal de G autre que G. Alors

α(G)   α(G ⁄N )
-|G-|-≥ -|G-⁄N-| .

Démonstration   L’image réciproque d’une partie absolument instable X de G⁄N par la surjection canonique est une partie absolument instable de G de cardinal |X||N|. cqfd

Théorème 2.Supposons que G ne soit pas parfait. Alors

α(G) ≥ 2|G |.
       7

Démonstration   L’hypothèse entraîne que G a un quotient cyclique non nul. Les lemmes 1 et 2 entraînent le résultat. cqfd

Cet énoncé s’applique aux groupes abéliens, plus généralement aux groupes résolubles5 , mais également à d’autres familles, par exemple aux groupes symétriques Sn.

Dans le cas abélien, la valeur exacte de α(G) a été déterminée par Green et Rusza ([6]).

Exercice 4.a) Vérifier que, pour tout G :

       |G|
α (G ) ≤ 2
et caractériser le cas d’égalité.

b) On suppose que G est cyclique et que l’ensemble des diviseurs premiers congrus à 2 modulo 3 de |G| n’est pas vide et on note p le plus petit élément de cet ensemble. Montrer6

         (       )
           1  -1
α(G ) ≥ |G| 3 + 3p .

2.2.Première minoration de α(G) dans le cas général

On part d’une remarque très simple de Babai et Sòs ([2]).

Lemme 3.Soient H un sous-groupe de G autre que G, g dans G \ H. Alors gH est une partie absolument instable de G.

Démonstration   Il suffit de noter que, pour h,hʹ,hʹʹ dans H,

ghghʹ = ghʹʹ = ⇒ g = h -1hʹʹhʹ-1,
ce qui est contradictoire.

Notons donc β(G) le cardinal maximal d’un sous-groupe de G autre que G. On déduit des lemmes 2 et 3 une nouvelle minoration de α(G). cqfd

Lemme 4.Soit N un sous-groupe normal de G autre que G. Alors

α(G) ≥ |N |β (G ⁄N).

Selon [7], la classification des groupes finis simples fournit une constante K > 0 telle que, pour tout groupe fini simple G de cardinal non premier, on ait7

           4⁄7
β(G ) ≥ K |G | .

On en déduit le théorème suivant, dont le principe de la démonstration remonte à [2].

Théorème 3.Il existe une constante C > 0 telle que, pour tout G :

α (G ) ≥ C |G |4⁄7.

Démonstration   Soit N un sous-groupe normal de G autre que G tel que que G⁄N soit simple. Si G⁄N n’est pas de cardinal premier, on a

                        ( |G |)4⁄7
α(G ) ≥ |N|β(G⁄N ) ≥ K |N |---    ≥ K |G |4⁄7.
                          |N |
Sinon, on a
α(G) ≥ 2|G |.
       7
Le théorème s’en déduit. cqfd

2.3.La minoration de Kedlaya

Le but de ce paragraphe est de démontrer l’amélioration suivante du théorème 2, obtenue par Kedlaya dans [7].

Théorème 4.Il existe une constante C > 0 telle que, pour tout G :

α(G) ≥ C |G |11⁄14.

Pour démontrer le théorème 4, il suffit de combiner la minoration de β(G) présentée dans le paragraphe précédent au théorème 5 ci-après.

Théorème 5.Il existe une constante C > 0 telle que, pour tout G,

         • -------
α (G ) ≥ C  β(G)|G |.

Appliqué à des groupes spécifiques, le théorème 5 donne des résultats meilleurs que le théorème 4.

Exemple Grandes parties absolument instables de SL2(Fp)

Si p est un nombre premier, le groupe G = SL2(Fp) est de cardinal p3 - p ; le sous-groupe des matrices triangulaires supérieures de déterminant 1, de cardinal p2 - p, en est un sous-groupe strict. On obtient donc l’existence d’une constante C > 0 telle que, pour tout p premier

α (G ) ≥ C |G |5⁄6.

La démonstration du théorème 5 est une généralisation de celle du théorème 3. Précisément, Kedlaya remplacé la classe à droite modulo un sous-groupe de cardinal maximal utilisée par Babai et Sòs dans le lemme 2 par une réunion de telles classes. L’observation de base est que, si n = |G|, se donner un sous-groupe de cardinal n⁄m de G revient à se donner une action transitive de G sur un ensemble de cardinal m.

Lemme 5.Soit m 2 un entier. Supposons que G agisse transitivement sur {1,,m}, notons

(g,x) ↦-→ g(x)
cette action . Si P est une partie de {2,,m}, alors
                          --
XP = {g ∈ G; g(1) ∈ P,g(P ) ⊂ P }
est une partie absolument instable de G.

Démonstration   Soient g et gʹ dans XP. Alors g(1) est dans P , donc gʹg(1) n’est pas dans P , donc l’élément gʹg n’est pas dans XP.

Le lemme 5 conduit à choisir P de sorte que |XP| soit aussi grand que possible. Pour ce faire, on utilise la méthode probabiliste. On considère une variable aléatoire P suivant la loi uniforme sur l’ensemble Pk des parties de cardinal k de {2,,m} et on désigne par N la variable aléatoire donnant le cardinal de P :

∀P  ∈ Pk,   N (P) = |XP |.
cqfd

Lemme 6.Soit m 3 un entier, k dans {1,,m - 1}. Adoptons les notations du lemme 5. Alors

E(N ) ≥ kn-----k3n---.
        m   (m - 2)2

Démonstration du théorème 5  Prenons

     |G |
m = β(G).
Grâce aux lemmes 5 et 6, G contient, si k est dans {1,,m- 1}, une partie absolument instable de cardinal supérieur ou égal à
        3
kn-- --k-n-2.
m    (m - 2)
On optimise asymptotiquement cette minoration en prenant k = ⌊• m3 ⌋, ce qui permet de minorer le minorant, au moins pour m assez grand, par
   n      •-------
C √---= C  β (G )|G |
    m
pour un certain C de R +*. On trouvera un calcul plus précis dans [7]. cqfd

Démonstration du lemme 6 On écrit

N (P) = ∑  Xg(P)  o`u  Xg(P ) = 1        --.
       g∈G                     g(1)∈P ,g(P)⊂P
On décompose alors
Xg=Yg - Zg  o`u  Yg(P ) = 1g(1)∈P,Zg(P) = 1g(1)∈P ,g(P )∩P⁄= ∅.
Comme l’action de G sur {1,,m} est transitive,
      (   )
Yg ~ B  k- ,  E (Yg) = k-.
        m             m

On écrit alors :

    ∑m
Zg ≤   Zg,x  o`u  Zg,x(P) = 1g(1)∈P,x∈P,g(x)∈P.
    x=2
Il vient
        km        ∑
E (N) = ----             E(Zg,x).
         n   g∈G,x∈{2,...,m }
Nous souhaitons donc majorer
    ∑
           E (Zg,x).
g∈G,x∈{2,...,m}
Si x, g(1) et g(x) sont distincts, on a
        ( k(k - 1)(k- 2) )
Zg,x ~ B ---------------  .
         m (m - 1)(m - 2)
Si exactement deux des trois éléments x,g(1),g(x) sont égaux
        ( k(k--1)-)
Zg,x ~ B  m(m - 1)  ,

La transitivité de l’action fait que, pour x fixé, le nombre de g de G tels que g(x) = 1 (resp. g.x = x) est n⁄m. On arrive ainsi à la majoration suivante, à partir de laquelle il est aisé de conclure :

E(Z) ≤ n(m - 1)-k(k---1)(k---2)-+ 2n-(m - 1) k(k--1)-.
            m(m - 1)(m - 2)   m        m(m - 1)
cqfd

3.Groupes quasi aléatoires

3.1.Généralités

Par représentation, on entend ici représentation dans un espace vectoriel complexe de dimension finie  : une représentation de G est donc un morphisme de G dans un groupe GL(E) E est un C-espace vectoriel de dimension finie, ou, de façon équivalente, dans un groupe GLn(C). Le degré d’une telle représentation est la dimension de E.

Les groupes finis apparaissent souvent à travers leurs représentations. Inversement, la théorie des représentations donne de puissants outils pour étudier les groupes finis. Un exemple célèbre est le théorème de Burnside garantissant la résolubilité d’un groupe dont l’ordre a au plus deux facteurs premiers ([8]). Les résultats présentés dans la suite relient le degré minimal d’une représentation non triviale de G, noté d(G), à des propriétés combinatoires de G.

Soit d un élément de N*. Selon Gowers ([4]), le groupe G est dit d-quasi aléatoire8 si

d(G) ≥ d.

La terminologie n’est pas d’emblée transparente. Gowers l’introduit à partir d’une notion analogue en théorie des graphes ( graphes quasi aléatoires ), le lien s’effectuant via la notion de graphe de Cayley. Nous en verrons une autre explication dans le paragraphe 5.2.

Exemples et remarques

1.
Si G est abélien, d(G) = 1 : l’image d’un tel groupe par une représentation est en effet codiagonalisable.
2.
Pour n 2, soit Sn le groupe symétrique sur {1,,n}. Alors d(Sn) = 1 : la signature donne en effet une représentation non triviale de degré 1.
3.
On peut unifier les exemples 1 et 2 et caractériser les groupes 2-quasi aléatoires. Les représentations de degré 1 de G sont en effet naturellement en bijection avec celles de l’abélianisé de G. Or, un groupe abélien fini de cardinal m admet exactement m caractères, c’est-à-dire exactement m classes de représentation de degré 1. Il s’ensuit que
d(G ) = 1 ⇐ ⇒ D (G) ⁄= G,
i.e. que G est 2-quasi aléatoire si et seulement s’il est parfait.
4.
Soit N un sous-groupe normal de G autre que G. Comme une représentation de G⁄N se relève en une représentation de G, on a
d(G⁄N ) ≥ d(G).
5.
Soit H un sous-groupe strict de G. En considérant la représentation de G déduite de l’action sur G⁄H par translation, on obtient :
d(G ) ≤ [G : H].
Comme une représentation de permutation associée à une action transitive contient exactement une fois la représentation triviale, on améliore cette inégalité en
d(G) ≤ [G : H ]- 1.
6.
On ne définit donc pas vraiment de notion de groupe quasi aléatoire. Informellement, un groupe présente un comportement quasi aléatoire si d(G) est grand. Pour fixer les idées, disons qu’une suite (Gk)k1 de groupes finis est quasi aléatoire si
d(Gk )k-→→+∞ + ∞.

La suite (An)n2 des groupes alternés est quasi aléatoire. La théorie des représentations du groupe symétrique9 montre en effet que, pour n 6 :

                     ln|An|
d(An) = n - 1n→~+ ∞ ln(ln(|A-|)).
                          n
7.
Rappelons un résultat fondamental de Jordan, dont on trouvera une preuve dans [1].

Théorème 6. Il existe une fonction f de N* dans N* telle que tout sous-groupe fini de GLn(C ) contienne un sous-groupe abélien normal d’indice majoré par f(n).

Notons désormais f(n) le minimum des entiers m de N* tel que tout sous-groupe fini de GLn(C ) contienne un sous-groupe abélien normal d’indice majoré par m. Le théorème de Jordan entraîne aussitôt le résultat ci-après, qui montre que la famille des groupes simples non cycliques est quasi aléatoire.

Corollaire 1. Supposons G simple d’ordre non premier. Alors

|G | ≤ f(d(G)).

Démonstration   Il suffit de combiner le fait qu’une représentation non triviale de G est fidèle au fait que le seul sous-groupe abélien normal de G est {e}, d’indice |G|10 . cqfd

Il résulte de cet énoncé et du calcul de d(An) que, quand le cardinal du groupe simple G tend vers  +  :

---
lim d(G)ln(ln-(|G|))= 1.
       ln(|G |)
.

Exercice 5.Soit N un sous-groupe normal de G. Montrer que, si N et G⁄N sont d-quasi aléatoires, il en est de même de G.

Exercice 6.On suppose que G est engendré par m
i=1Gi où les Gi sont des sous-groupes stricts non nuls de G. Montrer

d(G) ≥ min{d(Gi);1 ≤ i ≤ m }.

L’exercice ci-après utilise une des relations fondamentales de la théorie de Frobenius-Schur.

Exercice 7.Soit γ(G) le nombre de classes de conjugaison de G. Montrer que, pour tout G :

      • --------
        -|G|--1-  • ------
d(G ) ≤  γ(G )- 1 ≤  |G|- 1.
En déduire que, si N est un sous-groupe normal de G autre que G,
       • -------
d(G ) ≤  |G| - 1.
         |N|

Exercice 8.Soit d dans N*. On suppose que G est parfait et que tout sous-groupe normal de G autre que G est d’indice strictement supérieur à f(d - 1). Montrer que G est d- quasi aléatoire.

3.2.Le lemme de Frobenius

Nous aurons besoin dans la suite d’un résultat classique de Frobenius.

Théorème 7.Soit p un nombre premier impair. Le groupe SL2(Fp) est (p-1)
 -2--quasi aléatoire.

Démonstration   Définissons, pour x dans Fp, les matrices de SL2(Fp) :

 (       )           (      )           (       )
D(x)=  x   01  ,  T +(x) =  1  x   ,  T- (x) =  1  0  .
    0  x               0  1                x  1
Les matrices de transvection T+(x) et T-(x) engendrent SL2(Fp). Notons par ailleurs que, puisque T+ (1) est d’ordre p, on peut, sans ambiguïté, écrire, pour x dans Fp :
 +       +   x
T  (x ) = T (1) .

Soit ρ une représentation de degré n de SL2(Fp), à valeurs dans GLn(C). On suppose à présent que T+ (1) est dans le noyau de ρ. Alors, pour x dans Fp, le noyau de ρ contient

T+ (x ) = T+(1)x.
Comme T- (x) et T+(-x) sont conjuguées dans SL2(Fp), le noyau de ρ contient également les matrice T- (x). La représentation ρ est donc triviale.

On suppose ρ non triviale. D’après ce qui précède, la matrice ρ(T+(1)) est un élément d’ordre p de GL n (C ). Elle est donc diagonalisable à valeurs propres dans Up et l’une de ses valeurs propres, disons λ, est différente de 1.

On utilise alors la formule :

∀x ∈ F*,   D(x)T+ (1)D (x)-1 = T+(x2) = T +(1)x2,
     p
qui montre que λx2 (que l’on peut définir sans ambiguïté) est valeur propre de ρ(T+(1)). Or, il y a p-1
2carrés dans F*p. On obtient ainsi que ρ(T+(1)) admet au moins p-1
 2 valeurs propres distinctes, ce qui entraîne
    p- 1
n ≥ ----.
     2
cqfd

Pour la suite, le point clé est l’existence d’une constante C > 0 telle que :

d(SL2(Fp)) ≥ C|SL2(Fp)|1⁄3.
Signalons que l’on a en fait
            p- 1
d(SL2(Fp)) = -2--,
ce que l’on obtient en construisant la représentation cuspidale de SL2(Fp) ([8]). L’exercice suivant donne presque gratuitement une majoration du même ordre.

Exercice 9.En considérant l’action naturelle de SL2(Fp) sur l’espace projectif et la représentation de permutation associée, ainsi que la fin de la remarque 5 du paragraphe 3.1, montrer

d (SL2 (Fp )) ≥ p.

Exercice 10.Soient p un nombre premier impair, r un élément de N*, q = pr, n 2 un entier. Justifier les inégalités :

d(SLn(Fq)) ≥ p---1,   d(P SLn(Fq)) ≥ p---1.
              2                      2

Landazuri et Seitz ont généralisé le lemme de Frobenius et déterminé le comportement asymptotique de d(G) lorsque G appartient à une des séries de groupes simples finis. On renvoie à [3] pour les résultats (sans démonstration) et la référence à l’article original.

4.L’inégalité de mélange

4.1.Algèbre de groupe et opérateurs de convolution

On note C [G] l’espace vectoriel des fonctions de G dans C. On munit C[G] du produit scalaire hermitien ⟨⋅,⋅⟩ défini par

∀(u,v) ∈ C [G ]2 ⟨u,v⟩ := ∑ u(g)v(g).
                      g∈G

La norme associée à ce produit scalaire est notée  : pour u dans C[G], on a donc

     • ---------
       ∑       2
∥u∥ =      |u(g)|.
       g∈G

Pour u dans C [G], on pose aussi

∥u∥∞ := max {|u(g)|;g ∈ G }.

Si u et v sont dans C[G], leur produit de convolution est l’élément u * v de C[G] défini par

                  ∑         -1      ∑
∀x∈G     (u* v)(g) :=   u(h)v(h  g) =      u(s)v(t).
                  h∈G             (s,st)t∈=Gg2
La loi est * est associative et admet pour élément neutre la fonction identiquement égale à 1|G|, c’est-à-dire la distribution de probabilités uniforme sur G. La loi * et la structure d’espace vectoriel usuel font de C[G] une C-algèbre 11 .

Pour u dans C [G], l’opérateur de convolution 12 associé à u est l’endomorphisme Ku de C[G] défini par

∀w ∈ C[G]    Ku(w) := u *w.

Les lemmes de ce paragraphe sont de simples vérifications laissées au lecteur. Le premier montre que l’adjoint d’un opérateur de convolution est un opérateur de convolution.

Lemme 7.Pour u dans C[G], l’adjoint de Ku est l’endomorphisme Kũ où ũ est la fonction de G dans C définie par

                ------
∀x ∈ G    ˜u(x ) := u(x-1).

Lemme 8.La trace de l’opérateur K*u Ku est

     *             2
Tr(Ku •Ku ) = |G|∥u∥ .

On note C 0 [G] le sous-espace de C[G] constitué des fonctions u telles que

∑
   u(x) = 0,
x∈G
c’est-à-dire l’orthogonal de la fonction constante égale à 1, que nous noterons 1. Observons au passage la formule
Ku (1) = ⟨1,u ⟩1,
ce qui entraîne en particulier que, pour u dans C0[G], Ku s’annule sur les constantes.

Exercice 11.Vérifier que l’application

         ∑
u ↦-→  -1-   u(g)
      |G |g∈G
est un morphisme d’algèbres de C[G] dans C, que C0[G] est un idéal de C[G].

Soit R la représentation de permutation de G associée à l’action à droite de G sur lui-même :

∀g ∈ G  ∀f ∈ C[G ] ∀x ∈ G,    Lg(f)(x ) = f(xg).
Nous utiliserons deux résultats simples relatifs à L.

Lemme 9.Pour g dans G et u dans C[G],

Rg •Ku = Ku • Rg.

Lemme 10.Soit u dans C[G]. Alors

∀g ∈ G,  Rg(u) = u ⇐ ⇒ u ∈ C1.

4.2.L’inégalité de mélange

Pour u et v dans C[G], on a les inégalités immédiates

          • ---
(1) ∥u∥ ≤   |G |∥u∥∞   ;  (2)  ∥u* v∥∞ ≤ ∥u∥∥v∥.
On en déduit
        • ---
∥u*v∥ ≤   |G |∥u∥∥v∥.

Ces inégalités ne peuvent pas être améliorées sans hypothèse supplémentaire, comme on le voit en prenant u = v = 1.

L’inégalité de mélange est un raffinement de la précédente, valable lorsque l’une des deux fonctions u, v appartient à C0[G]. Elle a été découverte par Babai, Nikolov et Pyber dans leur travail [3], inspiré de Gowers. On suit ici la présentation de Tao ([10]).

Théorème 8.Pour u dans C0[G] et v dans C[G], on a :

        • -----
∥u*v∥ ≤   -|G-|∥u∥∥v∥.
          d(G)

Démonstration du théorème 9   Soit u dans C0[G], non nul. Nous souhaitons démontrer que la norme d’opérateur de Ku sur l’espace hermitien (C[G],⟨,⟩) est majorée par

• -----
  -|G|
  d(G )∥u∥.
Or, le théorème spectral hermitien assure que la norme d’opérateur de Ku est égale à la racine carrée de la plus grande valeur propre de l’opérateur hermitien positif K*u Ku. Soit λ cette valeur propre maximale. Puisque u n’est pas la fonction nulle, les opérateurs Ku et K*u Ku sont non nuls et λ est dans R +* .

Les lemmes 7 et 9 entraînent que tous les Rg stabilisent les espaces propres de K*
u Ku. On obtient ainsi une représentation de G dans Ker(K*
u Ku - λId). Puisque Ku s’annule sur les constantes, le lemme 10 entraîne que cette représentation n’est pas triviale.

On a donc

                *
d(G) ≤ dim (K er(K u •Ku - λ Id)).
Pour conclure, il reste à observer que
λdim (Ker(K *u • Ku - λId)) ≤ Tr(Ku*•Ku )
et à utiliser le lemme 8. cqfd

L’inégalité de mélange s’étend, via une récurrence immédiate, en l’énoncé suivant.

Corollaire 2.Soient r 2 un entier, u1 dans C0[G], u2,,ur des éléments de C[G]. Alors

              (     ) r-1
                -|G-|   2 ∏p
∥u1 *⋅⋅⋅*ur∥ ≤  d(G)        ∥ui∥.
                         i=1

En utilisant l’inégalité (2), on déduit du corollaire 2 une majoration en norme uniforme.

Corollaire 3.Soient r 3 un entier, u1 dans C0[G], u2,,ur des éléments de C[G]. Alors

                (     ) r-2- r
∥u1 *⋅⋅⋅*ur∥∞ ≤   -|G-|   2 ∏  ∥ui∥.
                  d(G)     i=1

L’exercice ci-après, vivement recommandé, anticipe sur la section suivante.

Exercice 12.a) Soient A,B,C trois parties non vides de G. Montrer

        ∥              ∥      •---------
        ∥∥1  *1  - |A-||B|∥∥  ≤     |G-||A||B-|,
        ∥ A   B    |G| ∥         d(G )
∥                     ∥       •-----------
∥∥1A * 1B *1C - |A-||B||C-|∥∥  ≤     |G-||A||B-||C|.
∥               |G|   ∥∞           d(G )

b) En déduire

          (         2   )
|AB | ≥ |G | 1- --|G|----- ,
               d(G )|A ||B|
puis que
           |G|3
|A||B ||C| > d(G ) = ⇒ ABC = G.

c) Conclure que

α(G) < 3•|G|--
         d(G )
et démontrer le théorème 1.

5.Applications de l’inégalité de mélange

Nous suivons ici l’article [3] de Babai, Nikolov et Pyber, qui généralise des résultats de Gowers ([4]). L’idée directrice est d’appliquer l’inégalité de mélange à des distributions de probabilité sur G. On obtient par ce moyen des résultats meilleurs que ceux de l’exercice 12.

5.1.Distributions de probabilités sur G

Le support d’un élément u de C[G] est l’ensemble

Supp(u) := {g ∈ G;u(g) ⁄= 0}.

Soit M(G) l’ensemble des distributions de probabilité sur G, c’est-à-dire des fonctions u de G dans R+telles que

∑
   u(g) = 1.
g∈G

Lemme 11.Soient r un élément de N*, u1,,ur dans C[G]. Pour i dans {1,,p}, soit

Ai := Supp(ui).
Alors
Supp(u1 * ⋅⋅⋅* ur) ⊂ A1 ...Ar.
Par ailleurs, si u1,,up sont à valeurs dans R+ et non identiquement nulles, cette inclusion est une égalité ; tel est en particulier le cas si les ui appartiennent à M(G).

Démonstration   Le premier point est immédiat. Pour le second, on note que, pour (a1,,ar) dans A1 × ⋅⋅⋅ × Ar ,

                      ∏r
(u1 *⋅⋅⋅*ur)(a1 ...ar) ≥   ui(ai) > 0.
                      i=1
cqfd

Remarque Convolution et produit de variables aléatoires à valeurs dans G.

La convolution des distributions de probabilité apparaît naturellement lors de l’étude des marches aléatoires sur G, via l’observation suivante, dont la vérification est immédiate. Soient r un élément de N * , X1 , , Xr des variables aléatoires à valeurs dans G, mutuellement indépendantes et de distributions respectives u1,,ur. Alors la distribution de probabilité de la variable aléatoire X1 Xr est u1 * ⋅⋅⋅* ur.

Si A est une partie non vide de G, soit δA = 1|AA| la distribution de probabilité uniforme sur A. La distribution uniforme sur G est donc

     1--
δG =  |G |1.
Rappelons que δG est l’élément neutre de la convolution *.

Deux observations très simples vont nous permettre d’exploiter l’inégalité de mélange.

Lemme 12.Soit u dans M(G). Alors

                  1
∥u- δG∥2 = ∥u∥2 - |G|.

Démonstration   Le résultat découle du théorème de Pythagore et de la décomposition orthogonale

u = (u- δG)+ δG.
cqfd

Lemme 13.Soit A une partie non vide de G. Alors, si u est un élément de M(G) à support contenu dans A

     --1--
∥u∥ ≥ • |A|,
avec égalité si et seulement si u = δA.

Démonstration   L’inégalité se déduit de l’inégalité de Cauchy & Schwarz :

    (       ) 2
     ∑              ∑      2
1 = (    u(g))  ≤ |G|   u(g) .
     g∈G            g∈G
Le cas d’égalité provient du cas d’égalité de l’inégalité de Cauchy& Schwarz. cqfd

5.2.Distance d’une convolée de distributions de probabilité à la loi uniforme et théorèmes d’expansion

Commençons par appliquer les corollaires 2 et 3 aux distributions de probabilité.

Théorème 9.Soient r un élément de N*, u1,,ur dans M(G). Alors

                     ( • ----)r- 1
                         -|G-|     ∏r
∥u1 * u2 *⋅⋅⋅*ur - δG ∥ ≤  d(G)        ∥ui - δG∥.
                                  i=1
Si, de plus, p 2,
                    ( • ----)r-2     ∏r
∥u1*u2 * ⋅⋅⋅* ur - δG∥∞ ≤   -|G-|     ∥u1∥   ∥ui - δG ∥.
                        d(G)         i=2

Démonstration   Compte-tenu des corollaires 2 et 3, il suffit de noter que, si u et v sont dans M(G) :

(u-δG )*v = u* v- δG * v = u *v --1-1*v = u* v- δG
                              |G |
pour conclure via un raisonnement par récurrence sur p. cqfd

Nous sommes maintenant en mesure de démontrer les résultats essentiels de [3]. Si A1,,Ap sont des parties non vides de G, soit :

                       r
δ(A1,...,Ar ) := ----r-|G1|∏r------.
               d(G )    i=1|Ai|

Théorème 10.Soient r 2 un entier, A1,,Ar des parties non vides de G. Alors

           ------|G|------
|A1 ...Ar| > 1 +δ(A1,...,Ar).

Démonstration   Le support de la distribution de probabilité δA1 *⋅⋅⋅* δAr est exactement A1 A2 Ar . Les lemmes 12, 13 et la première partie du théorème 9 entraînent

                          r                          r
1≤∥δ *⋅⋅⋅*δ  ∥2 ≤ -1-+-|G-|r-1- ∏ ∥δ  - δ ∥2 <-1-+ |G|r-1-∏  -1-.
|A1...Ar|A1     Ar     |G | d(G)r-1 i=1  Ai  G     |G|  d(G )r- 1i=1|Ai|
On en déduit l’inégalité désirée. cqfd

Le cas r = 2 du théorème 10 mérite un énoncé séparé.

Corollaire 4.Soient A et B deux parties non vides de G. Alors

          |G |
|AB | ≥----------.
      1 + δ(A, B)

L’exercice 12 donne l’inégalité plus faible

        13. Cer´esultatpermetd´ej`adevoirque,si|A ||B|estgrand devant |
|AB|≥|G|(1-δ(A,B )).13des ´el´ementsdeG . Maisilestsanscontenu siδ(A,B)>

Pour r = 2, le second volet de l’énoncé suivant est dû à Gowers ([4]) et le premier à Nikolov et Pyber ([9]). On trouve dans [5] une démonstration utilisant l’analyse de Fourier sur G.

Théorème 11.Soient r 2 un entier, A1,,Ar des parties non vides de G. Supposons

∏r        |G|r
   |Ai| ≥ d(G-)r--2.
i=1
Alors
G = A1 ...Ar.
De plus, il existe (a1,,ar) dans A1 ×⋅⋅⋅× Ar tel que
a = a a ...a  .
 r   1 2    r-1

Démonstration   Les lemmes 12 et 13 donnent :

                   ( • ----)r-2
     ∏r                |G|-     ∏r --1---
∥δA1∥    ∥δAi - δG ∥ <   d(G )        • |Ai|,
     i=2                         i=1
d’où, via la seconde partie du théorème 9,
                       1--
∥δA1 *⋅⋅⋅*δAr - δG∥∞ < |G |.
Il en résulte que δA1 * ⋅⋅⋅* δAr ne s’annule pas, ce qui établit le résultat souhaité.

Appliquons maintenant le premier point aux parties A1,Ar-1 et Ar-1. Il vient que e s’écrit

a ...a   a -1  avec  (a ,...,a ) ∈ A × ⋅⋅⋅× A ,
 1   r-1 r           1     r    1        r
d’où la deuxième partie de l’énoncé. cqfd

Exercice 13.Inversement, établir le premier point du théorème à partir du second.

En prenant r = 3 et A1 = A2 = A3 = A dans le théorème 11, on obtient le résultat ci-après, dû à Gowers ([4]).

Corollaire 5.On a

α (G ) < •-|G| .
        3d(G )

Pour conclure, montrons, toujours d’après [3], que, si la condition du théorème 11 est satisfaite de façon forte, les éléments de G sont représentés comme produits a1ap avec (a1 , , ap ) ∈ A1 ×⋅⋅⋅× Ap de manière presque uniforme, ce qui donne une justification à la terminologie quasi aléatoire .

Théorème 12.Soient r 2 un entier, α un élément de R+*, A1,,Ar des parties non vides de G. Supposons

∏r             r
   |Ai| ≥ α-|G|--.
i=1       d(G )r-2
Pour g dans G, soit NA1,,Ar(g) le nombre de (a1,,ar) dans A1 ×⋅⋅⋅× Ar tels que
g = a1 ...ar.
Alors
          |            ∏r      |  ∏r
∀g ∈ G    ||NA  ,...,A (g)- --i=1-|Ai|||< --i√=1|Ai-|.
          |  1   r       |G |  |     α|G|

Démonstration   Pour g dans G :

            ∏r
NA1,...,Ar(g) =   |Ai|(δA1 * ⋅⋅⋅*δAr)(g).
            i=1
On a donc, d’après les lemmes 12 et 13 et la seconde partie du théorème 9,
    ||             ∏r      ||  (• -----)r-2 ∏r• ----
∀g∈G   ||NA1,...,Ar(g) - -i=1|Ai||| ≤    |G|-         |Ai|.
                    |G|          d(G )     i=1
Le résultat suit alors aussitôt de l’hypothèse. cqfd

5.3.Expansion dans SL2(F p )

Démonstration du théorème 1  

Pour G = SL 2 (F p), le majorant fourni par le corollaire 5 est équivalent, lorsque p tend vers  + , à √
32p83, c’est-à-dire à √ -
 32|SL2(Fp)|89. cqfd

Cardinal de AB lorsque A et B sont deux grandes parties de SL2(Fp)

Soient G = SL 2 (Fp), A une partie non vide de G. Nous allons déduire du corollaire 4 que, si |A| dépasse un certain seuil, alors |AA| est considérablement plus grand que |A|.

Le sous-groupe de G constitué des matrices triangulaires supérieures de G est de cardinal p2 - p. Le seuil se situe donc au-delà de p2.

Si C est un élément de R+* et si |A|Cp52, alors

       -----|G-|------
|AA | ≥ 1+ 2(p-1)2(p+31)2.
             C p
Le minorant est équivalent, lorsque p tend vers + , à --|G-|-
1+  2C2.

L’expansion commence en fait pour des valeurs plus faibles de |A|. En effet, si C est un élément de R+*, δ un élément de ]0,1
-
2[ et si |A|Cp2+δ, alors

            |G |
|AA | ≥ ---2(p-1)(p+1)2.
       1+   C2p2+2δ
Cette fois, le minorant est équivalent, lorsque p tend vers + , à C2
2--p2+2δ. Ces résultats ont servi de motivation aux auteurs de [3]. On les comparera avec celui de l’exemple du paragraphe 2.3, avec lequel ils contrastent dans une certaine mesure.

Les minorations de Landazuri et Seitz évoquées à la fin du paragraphe 3.2 permettent de généraliser ces résultats : les grandes parties des groupes finis simples de type de Lie ont de fortes propriétés d’expansion.

Références

[1]   R. ANTETOMASO, Autour du théorème de Jordan sur les sous-groupes finis de GLn(C ), RMS 124-3 (2014), 3-8

[2]   L. BABAI, V.T. SÒS, Sidon sets in groups and induced subgraphs of Cayley Graphs, Europ. J. Combin. 6 (1985), 101-114

[3]   L. BABAI, N. NIKOLOV, L. PYBER, Product Growth and Mixing in Finite Groups, Proceedings of the Nineteenth Annual ACM-SIAM Symposium on Discrete Algorithms, 248-257, ACM, New York, 2008

[4]   W. GOWERS, Quasirandom groups, Combin. Probab. Comput. 17 (2008), no.3, 363-387

[5]   E. BREUILLARD, A brief introduction to approximate groups, Thin groups and superstrong approximation, MSRI Publications, vol 61, 2013, 23-50

[6]   B. GREEN, I.Z. RUSZA, Sum-free sets in abelian groups, Israel J. Math 147 (2005), p. 157-189

[7]   K. KEDLAYA, Large product-free subsets of finite groupes, J. Combin. Theory Series A 77 (1997), 339-343

[8]   E. KOWALSKI, An Introduction to the Representation Theory of Groups, AMS, 2014

[9]   N. NIKOLOV, L.PYBER, Product decomposition of quasirandom groups and a Jordan type theorem, J. Eur. Math. Soc., 13 (2011), 1063-1077

[10]   T. TAO, Expansion in Finite Simple Groups of Lie Type, AMS, 2015

[11]   T. TAO, V.H. VU, Additive Combinatorics, Cambridge, 2006

Ω
[Table des matières]